52 écrivains haut-marnais : De Jehan de Joinville à Jean Robinet,
Vingt cinq auteurs, un an de
rédaction, vingt ans dexistence pour lassociation des écrivains de Haute
Marne ont donné une anthologie unique :
52 écrivains haut-marnais : De Jehan de Joinville à Jean Robinet, premier ouvrage
dart exhaustif sur le patrimoine littéraire du département,
Chez Dominique Gueniot Editeur, BP174 52200 Langres ; Prix 45 euros,
Présentation :
Qui écrivit le fameux vers : partir, cest mourir un peu ? Le surréalisme dAndré Breton est-il né à Saint-Dizier ? Quelles furent les relations entre Diderot et les langrois ? Qui était Remi Belleau? Pourquoi Alexandre Hatier, Ernest Flammarion et Albin Michel, éditeurs prestigieux sont-ils originaires dun département qui a toujours compté moins dhabitants quun seul arrondissement de Paris ? Questions improbables et réponses hétéroclites dans 52 écrivains haut-marnais : de Jehan de Joinville à Jean Robinet. Fruit dun enthousiasme collectif et dun travail commun, les Ecrivains de Haute-Marne ont investi dans ce livre la passion qui les anime depuis 20 ans à faire vivre ce patrimoine à travers leur association. Tout naturellement, fêter cet anniversaire cétait rendre hommage à ce patrimoine littéraire extraordinaire. En effet, cet ouvrage dart éclaire le paradoxe dun département à la fois proche de Paris mais méconnu et qui a pourtant su retenir de tout temps un grand nombre de femmes et dhommes de lettres les plus importants de notre histoire. Certains ne sont pas originaires de Haute Marne et y sont venus par hasard, comme Antoine de Saint Exupéry, affecté à laérodrome dOrconte ou Voltaire, hôte du Château de Cirey, mais tous ont trouvé un attrait particulier à cette région de lEst que Paul Claudel appelait " Le Grand Magasin du Louvre bondé détoffes et de savons ".
Quelques extraits :
Colin Muset XIIIè siècle
" Ménestrel, cest-à-dire poète musicien, joueur dinstrument et jongleur, dorigine modeste, Colin Muset voit le jour dans notre région, vers 1210. Son patronyme, ou plutôt son nom dartiste, convenant fort bien à ses diverses occupations, traduit parfaitement lesprit dun homme desprit, qualifié parfois de chansonnier : " Len mapele Colin Muset ", écrit-il . Ce qualificatif de " Muset " évoque la vivacité discrète du muset (musaraigne dautrefois) allant muser, museau au vent, selon linspiration de sa muse, dans la gaieté des airs de musette (cornemuse). A la sécurité matérielle des trouvères attachés à la cour des grands seigneurs, Colin Muset préfère une liberté qui" après mauvais seignor troter ", le laisse souvent " boursse desgarnie ", faisant partie de ses " gent qui vont contant / De cort à autre et vont trouvant / Chançonetes, mots et fabliaus / Pour gaaigner les biaus morsiaus. Ses écrits délimitent approximativement lespace quil parcourt, en quête de seigneurs accueillants, " aux graz dons " : Châteauvillain, Choiseul, Clefmont, Reynel, Sailly, Vignory
Antoine de Saint Exupéry
"
Ayant récemment
obtenu le Grand prix du Roman de lAcadémie française pour " Terre des hommes
"," Saint-Ex reçoit de nombreuses personnalités à Saint-Dizier, où il
circule à bord de son cabriolet " De Soto " en compagnie de son ami Joseph
Kessel. Antoine tient table au " Soleil dor " et rencontre le professeur
Fernand Holweck, Pierre Mac Orlan, Léon Werth, Marie Bell, Joséphine Baker, André
Luguet, Fernandel et Gaston Gallimard. Toute cette joyeuse société se réunit au "
Deauville ", hôtel et casino des bords de Marne où sont organisées des promenades
en pédalos et se déroulent des soirées animées !
Plus tard, à Alger, Antoine de Saint-Exupéry rejoindra son ancien instructeur
dOrconte, le capitaine Gavoille devenu chef du II/33 , dont il parrainera le jeune
fils Christian.
De 1955 à 1957, le colonel René Gavoille dirigera la base aérienne de Saint-Dizier qui sera baptisée " Commandant Antoine de Saint-Exupéry " ; la stèle commémorative faisant face au P.C. de la base étant dévoilée en 1956 par Christian Gavoille, filleul de " Saint-Ex ". Le lycée de Saint-Dizier sera également baptisé du nom de lécrivain. "
Charles de Gaulle...
" Le Lieutenant Colonel de Gaulle, achète la Boisserie en Juin 1934. Sentant venir la guerre, il désirait posséder une maison de campagne pour y rassembler sa famille Il la choisit parce que le paysage austère de landes et de forêts, à la saignée des provinces de Champagne, de Lorraine et de Bourgogne, correspondait à son esprit et à son cur. La Boisserie soffre aux regards depuis le village. Sa tour hexagonale, coiffée de vieilles tuiles, les murs de la maison couverts de vigne vierge, les hauts sapins sombres entourent un grand pré planté darbres fruitiers, descendant jusquà un vallon ou paissent des troupeaux. Jamais un lieu naura été aussi inséparable dun homme que Colombey-les-deux églises. Cétait sa vraie, sa seule demeure. Cest là ou quil sest retiré en 1946. Cest là quon alla le chercher en I958.
" Sur ma maison, je regarde
tomber le dernier soir dune longue solitude. Quelle est donc cette force des
choses qui moblige à men arracher ? "
" vastes, frustes et tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches
mélancoliques, relief danciennes montagnes très usées, villages tranquilles et
peu fortunés, dont rien depuis des millénaires, na changé lâme ni la
place. Ainsi du mien. Situé haut sur le plateau, marqué dune colline boisée, il
passe les siècles au centre des terres que cultivent ses habitants. Ceux-ci, bien que je
me garde de mimposer à eux, mentourent dune amitié discrète. Leurs
familles je les connais et je les aime. Le silence emplit ma maison. De la pièce
dangle, où je passe la plupart des heures du jour, je découvre le lointain dans la
direction du couchant. Au long de quinze kilomètres, aucune construction
napparaît. Par dessus la plaine et les bois ma vue suit les longues pentes
descendant vers la vallée de lAube, puis les hauteurs du versant opposé. Dun
point élevé du jardin, jembrasse les fonds sauvages où la forêt enveloppe le
site, comme la mer bat le promontoire. Je vois la nuit couvrir le paysage. Ensuite
regardant les étoiles, je me pénètre de linsignifiance des choses. " (Le
Salut - 1954)