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Atelier d'écriture de Crogny

De décembre 2004 à mai 2005, tous les quinze jours, Sébastien ACKER, Benoît AUBRY, Guillaume BASSET, Julie BLANCHON, Tristan CAPRARO, Alexandre CHARLOT, Julien CLOUET, Romain CORNIASSEL, Benjamin COURANT, Aurélien DASCIER, Fabien DEFREMONT, Anaïs DIEU, Julien DUJEUX, Maxime GAUTHIER, Guillaume GOURLIN, Gaëtan GUERBET, Baptiste HERR, Julien JACQUOT, Sylvain LAPOTRE, Lucas LAZZAROTTI, Mathias MARTIN, Alexandre MEURISSE, Arnaud MUH, Valérian NOWAKOWSKI, Aurélien PATRICE, Vincent REMIOT, Jérémy RUFF, Tommy SALGUES, Julien TETEVIDE, Alexandre VALLET, Benjamin VAN BELLE, Maxence VICAINE, tous en Seconde Professionnelle au Lycée forestier de Crogny, tous et chacun d'eux font et feront l'écriture.

Cette rubrique se veut un journal de bord, vaste aventure sur la mer des mots. Je ne suis pas, ne serai pas capitaine, juste un matelot parmis eux. Remerciement à Josefa Gerard, professeur de lettres et à la Maison des Ecrivains. Merci à François Bon pour "Tous les mots sont adultes". En route !

Séance du 2/12/2004 :

Premier contact. Feu nourri de questions : quel drôle d'animal est un écrivain... Comment se rejoindre ? Un point commun : nos métiers. Ainsi, rêvons : nous serons tous bûcherons, écrivains, éditeurs, correcteurs, imprimeurs. Justement les professions et être dans un Lycée professionnel, c'est s'interroger sur l'avenir, ce que l'on fera, les interactions, le "dehors" par opposition au " dedans ", la famille l’entourage : constater que ces mondes ne sont pas hermétiques, fermés.  C'est écrire en quelque sorte le vaste monde, s’en exprimer par la forme d’un livre : voilà un projet, sans doute incertain comme est l'écriture mais bien dans cette linéarité, accumulation des mots.
Comment va t’on travailler ? La forme du livre : le livre sera constitué tout au long des séances par les fragments " récupérés " des travaux d’écriture. Chaque séance sera divisée en gros en 2 parties : Première heure " passive " Lecture et écoute. Pause 5 mn et deuxième heure " active " travaux d’écriture sur le thème. Il y a création d’un comité éditorial puisque chacun de nous sera aussi éditeur, correcteur, imprimeur.

Quelques principes de fonctionnement, cahier ou classeur, de quoi prendre des notes, ranger des photocopies. Mise en forme informatique des travaux d’écriture entre deux séances.
Mais venons en au fait, impatience de l'écriture, se colter aux mots.
A propos de quatre verbes : parler, écouter, lire, écrire : en conclure que :
- l'écriture c'est ne pas tout dire
- On peut parler de soi en disant "tu" (sur un poème d'Appolinaire)
- L'écriture, c'est du passé, présent futur (à propos du haïku "ils sont sans parole, l'hôte, l'invité et le chrysanthème blanc - Issa)
- l'écriture c'est de l'inventaire (à propos de Georges Perec)
Exercices d'écriture, donc, décrire sa chambre, utiliser le "tu" pour parler de soi, se laisser porter par ces mots. Et l'étrangeté de constater que l'on se censure, ignorer la beauté des mots portés mais avoir le pouvoir de froisser sa feuille... C'est lancé, trop tard, l'écriture vous a attrapé...

Séance du 16 décembre 2004 :

On commence par quelques lectures des textes produits la dernière fois. Il en sera ainsi pour chaque début, histoire de se replonger dans l'ambiance.
Premiers étonnements : découvrir les circuits subtils de la lecture, on n'aime pas se lire, rarement par un copain, on préfère que l'écrivain ou le prof le fasse. Et le jeu de vouloir toujours associer le texte à son auteur : remuements de chaises, têtes qui se tournent, c'est qui, c'est qui ?
Quelques conclusions s'imposent sur l'écriture, déjà énoncées, mais les redire c'est mieux : on peut " déplacer " le point de vue le narrateur (du je au tu…). Plus généralement, on se rend compte de la multiplicité des formes d'écriture, du rapport à d'autres formes d'art, à la peinture : le peintre étale ce qu'il voit géographiquement mais va du concret à l'abstrait, l'écrivain étale " dans le temps " mais choisit la façon de le dire, les points de vues… Ce qui introduit le rapport à l'espace, travail prévu ce 16 décembre : mon village ma ville, écrire l'espace, sortir du lieu familial, aller dehors jusqu'au lieu du travail (ce qu'est censé faire un lycée professionnel…).
Deux livres permettent de donner cette vision géographique :
Espèce d'espace de Georges Perec et L'exces-l'usine de Leslie Kaplan.
Pourquoi ces deux extraits ? Que peut-on dire de ces lectures ?
- Georges Perec donne des méthodes, des clefs qui vont toujours vers l'ouverture au monde et à l'écriture : Ah les merveilleux passages composés uniquement de verbes (déménager, emménager) ! L'utilisation du mode conditionnel lors d'un passage ( l'utopie villageoise) donne un éclairage nouveau à la narration.
- Leslie Kaplan du lieu particulier du travail, d'un sujet ardu donc, en tire toute l'émotion grâce à l'utilisation de phrases courtes et d'un sujet " on " impersonnel. La juxtaposition de sensations diversifiées rajoute à l'émotion : construire un texte, ce peut être utiliser ces contrastes.
Ainsi les travaux d'écriture du jour proposent, soit de retracer un lieu de travail connu (celui du père, de la mère…) en essayant d'en faire ressortir les impressions, soit un répertoire de tout ce que l'on peut faire en sortant de chez soi pour aller jusqu'à un endroit précis, choisi (par exemple le Lycée de Crogny) en repérant à la manière de Georges Perec les verbes et en en faisant la liste à l'infinitif. Etonnements de certains élèves qui découvrent le raccourci plus facile de lister les verbes à l'infinitif. Ecrire, c'est facile, c'est de l'action ! Ils ont raison.

Séance du 6 janvier 2005:

Comme à chaque fois, on revient sur le travail effectué à la dernière séance, les vacances de Noël et le changement d’année ont provoqué l’oubli bien compréhensible de ce projet mais la lecture d’un texte écrit par un participant et on se replonge dans le bain.
Temps de la vie, écrire le temps est ainsi le thème de cette première séance 2005. Et remarquer que dans l’écriture, il y a dissociation entre le temps réel et temps du récit : une épopée raconte 1000 ans d’histoire, le roman " 19 secondes " de Pierre Charras, c’est une demi-minute, mais dans les deux cas, c’est une paire d’heures de lecture. A noter le projet de James Joyce à travers Ulysse, prévu de raconter 24 h de la vie d’un homme et devant se lire en 24h…

Ecrire le temps c’est aussi le genre littéraire du journal. Que dire du Journal de Michel Leiris tenu de 1922 à 1989, des Carnets de jeunesse de René Fallet de 1947 à 1950, mais qui tiennent trois tomes, du fameux Journal de Franz Kafka, enfin du renouveau du journal via Internet et la mode des blogs… En lecture, je propose " Feuilles de route " de Blaise Cendrars, journal de bord écrit à bord du cargo qui l’emmenait au Brésil mais déjà les corps s’agitent, il faut de l’action, passons à l’écriture !
Exercice : une partie de la classe écrit sur ce qui s’est passé les sept derniers jours, l’autre sur ce qui s’est passé les sept dernières années. Puis chacun lit l’extrait qui le concerne pour le jour ou l’année donnée. Cela donne des sensations étranges où l’actualité se mêle aux histoires personnelles, le tsunami et la coupe de monde de foot en 98 à la mort d’un grand-père ou à la découverte de l’amour. Il y a cette phrase terrible et qui résume : 2001, deux tours partent en fumée, nous partons en vacances…
Mais il est temps de relier les trois premières séances de notre atelier, les thèmes que nous avons abordés, temps et espace, avec notre projet de conforter tout ceci dans un magma encore confus qui serait comment fait-on pour entrer dans la vie, professionnelle notament… Brève présentation de ce qu’est un CV, et qui étale pareillement les vies en mêlant temps et espace.
Nous terminons donc par quelques échanges dignes d’un comité éditorial : Où en est-on dans notre projet ?Que vont devenir les écrits déjà produits ? Comment va se monter le livre ? Peu de réponses mais la conscience de part et d’autre que cela se construit patiemment, et qu’il y a encore beaucoup de travail. A nos plumes !

 

Séance du 20 janvier 2005

Les textes des deux dernières séances ayant été numérisés, c’est l’occasion de débuter cette par une lecture de quelques travaux précédents. Quand suffisamment de textes auront été numérisés, nous pourrons envisager une ébauche de quelques pages de cette production d’écrits.
Le thème du 20 janvier portait sur les métiers que je connais, écrire les métiers.
Comment les métiers sont-ils décrits sur un CV ? Comment les métiers sont-ils écrits dans la littérature ? Deux lectures se répondent à travers ces différents points de vue : aux authentiques CV (un maçon, un bûcheron) répondent des textes d’auteurs reconnus extraits de " leçon de choses " de Claude Simon (description du travail d’un maçon) et de " Raboliot " Maurice Genevoix ( travail du bûcheron).
D’où l’exercice d’écriture proposé : choisir de décrire un métier à la fois à la manière d’un CV mais également d’une façon plus littéraire. Deux constatations : dans le CV, l’action prime, cependant, elle doit être incrite sous la vision extérieure (ex : énoncé du travail du mécanicien : réparation de véhicules) tandis que celui qui se projette dans le métier l’énonce sous forme de verbe : je répare les véhicules. Autre remarque : la difficulté de décrire une action longue (littéraire) se rapproche de la motivation à exercer le métier choisit. Il est bien évidemment essentiel de combiner la concision et l’exhaustivité du CV avec l’enthousiasme de la narration de ce même métier pour convaincre les futurs employeurs !
La séance se termine avec la présentation de " Paysage Ouvrier ", travail extraordinaire effectué à Saint-Dizier par l’équipe de l’Entre-Tenir : ce qui a été fait en ateliers d'écriture, les actions des métiers, les outils, lectures d’extraits de l'écrivain Yvon Regin.

 

Séance du 3 février 2005

Et moi, et moi ,et moi : m’écrire, mes qualités, mes défauts. Le thème de cette séance est bien vivant, d’autant plus que nous commençons par lire quelques textes de la séance précédente dont celui, très réussi de Benjamin.
En support de ce thème, la chanson de Jacques Dutronc introduit bien la problématique (qui on est en regard des autres), et, une autre de Tryo, Monsieur Bibendum, montre le regard des autres quand on est hors norme.
Un poème Guillaume Apollinaire, sert de point de départ à la première activité d’écriture : écrire un texte commençant par " moi tout seul " suivant l’exemple d’un atelier de Clichy 
(source : Tous les mots sont adultes de F Bon)
Après la pause bienvenue pour ces élèves habitués au plein air et à bouger, nous approfondissons le thème : s’écrire, c’est ce trouver des qualités, des défauts, mais que sont les qualités et les défauts ? A partir de quelques listes puisées dans la littérature, le second exercice, en duo, consiste à se décrire, mais à décrire son voisin et réciproquement, à partir des  phrases qui se répondent et s’entremêlent à la lecture " on dit de moi que " et " je te vois comme "…

 

Séance du 24 février 2005

Retour de vacances ! Un peu tronquées pour les élèves de seconde qui ont mis à profit une des deux semaines dans un stage professionnel. Du coup, excellente opportunité pour évoquer avec eux les différences entre qualités et compétences, ce qui s’acquiert, ce qui fait partie de notre personnalité, ce qui est important pour un futur employeur, a t’on les défauts de ses qualités et les qualités de ces défauts ? Vaste sujet donc ! Certains soupirent, préférant l’écriture d’invention, le sujet paraît rébarbatif…
Après quelques exemples tirés de la vie réelle, offres et demandes d’emploi, un jeu de rôles se met en place : certains se groupent par deux pour rédiger un emploi fictif, d’autres écrivent leurs qualités et compétences dans un CV inventé. Employeurs et employés se groupent ensuite et simulent des entretiens d’embauches. Le résultat est très vivant, métiers imaginaires, CV extravagants, théâtre, rire, vaste farce de l’emploi qui n’en est pas une mais qui, expliquée ainsi, montre dans l’humour cet avenir à inventer…

Séance du 3 mars 2005

Suite de la semaine dernière : simulation d’entretiens d’embauche, lectures d’offres, lectures de CV, distinguer les compétences et qualités… tout un théâtre se met en place. On joue, on bouge, on se valorise devant les copains, on fait rire, c’est la bonne distance pour cette classe vivante, habituée aux travaux de plein air et qui ne tient pas en place.
Rire, humour, on continue avec un retour à la littérature : les désopilants " métiers et divertissements " d’André Hardellet (La cité Montgol) nous fournissent une vision poétique et détonante de professions inventées comme " le poseur de grillons " ou " le chef des baisers ". Bien entendu, l’exercice d’écriture qui suit s’inspire de ces lectures : il faut inventer des métiers imaginaires. Pas facile d’avoir de l’imagination dans nos parcours scolaires maintenant de plus en plus balisés… Certains s’en sortiront très bien comme par exemple, l’invention d’un vendeur de lumière, arpentant le monde avec sa lampe électrique à l’époque où l’électricité était peu répandue… Nous terminons par un aperçu de ce que sera notre production livresque finale, thème de travail de nos deux prochaines séances. On avance, on avance… dans l’attente des beaux jours.

 

Séance du 17 mars 2005

Voici déjà la huitième séance. Au départ nous savions que nous ferions un livre tous ensemble avec les productions de chaque élève, une sorte de roman, vie de Crogny, vie d’un lycée professionnel perdu au fond des bois, vies et rêves de chacun… Mais un vrai livre, comment ça se fait ? Tous bûcherons, écrivains, éditeurs, correcteurs, imprimeurs avions nous suggérés à notre première séance, il est temps de retourner à ces métiers du livre…
Nous nous contentons pour l’instant du fond en négligeant la forme : le " tapuscrit " préparé est brut, composé des textes des élèves avec leurs imperfections, fautes. Soumis à tous tel un manuscrit qui arriverait chez un éditeur, chacun prend le temps nécessaire pour lire ce recueil composé pour l’instant de seulement la moitié des textes et qui comporte déjà plus de 10 pages aux caractères très serrés… Et puis les remarques fusent : ce qui est bien, ce qui est moins bien… Ce qui est bien : l’originalité, la correspondance des textes les uns avec les autres, les différences de styles, le vaste sujet des métiers que nous avons tentés d’explorer… Ce qui est moins bien : la répétition de certains textes, le fractionnement, la cohérence d’ensemble, dans la mise en forme, les enchaînements pas toujours judicieux… Et des questions : comment cela va constituer la suite ? Quel sera l’esprit du livre ? Sa raison d’être ? Adoption d’une trame générale…Quelqu’un suggère de faire lire à quelqu’un d’étranger à la classe : bonne idée ! Un autre déplore que tous n’ont pas numérisé ni envoyé leurs textes… Et puis l’un endosse vraiment le rôle de l’éditeur et suggère de déplacer tel chapitre ici, se demande comment la suite des textes viendra s’insérer. Débats riches !
Après la pause, la deuxième partie est plus individuelle, chacun doit reprendre son texte, s’assurer qu’il est bien placé, corriger les imperfections…
Nous nous quittons avec la perspective de continuer l’autre moitié des textes pour la prochaine séance et de réfléchir à la forme : la couverture et le titre à choisir et enfin la quatrième de couverture à rédiger…

 

Séance du 28 avril 2005 :

Les vacances de Pâques et d'avoir loupé un tour, nous ont octroyé ces petites retrouvailles un mois et demi après notre huitième séance. Cet intervalle assez long m'a permis de compléter la rédaction de notre projet déjà bien avancé et surtout de l'inscrire dans sa forme quasi-définitive. J'attendais donc avec appréhension l'avis de "mes auteurs" qui ont commencé par relire notre travail avec sérieux et concentration. Quelques remarques, corrections puis aux questions : êtes vous satisfaits ? Est-ce cohérent ? le verdict est tombé : oui, ça peut aller, disent-ils, avec modestie... La satisfaction devient plus évidente quand ils décident à choisir le format, quand ils se représentent que ce qu'ils ont construit aura la forme d'un livre... Ouf, le contenu est validé, restait à trouver le titre et à rédiger la quatrième de couverture. Pour le titre, les 33 participants en ont tous trouvés un, souvent plusieurs, scrupuleusement notés... Devant l'abondance, j'ai pensé qu'il était alors préférable de rédiger cette fameuse quatrième de couverture, sorte de résumé qui permet de bien dégager l'esprit du livre et peut-être de mieux cerner un titre. Là encore, il y a eu plusieurs propositions qu'il a fallu lire. Puis le texte de Tommy, particulièrement original l'a emporté spontanément par une série d'applaudissements... Le titre a été plus dur à recueillir l'assentiment de tous, chacun défendant son projet, mais comme par miracle, deux minutes avant la fin, quelqu'un a lancé une nouvelle idée et tous s'y sont ralliés d'un bloc : leur production porte maintenant un nom !

 

séance du 12 mai 2005 :

Combien était attendue cette dixième et dernière séance ! Moment inhabituel tout d’abord : les 33 élèves déjà rentrés dans la salle, alors que les fois précédentes, le temps de tirer une dernière bouffée sur la cigarette en cours, d’échanger une dernière plaisanterie, il s’était établi une sorte de jeu, eux m’attendant devant la salle, et moi montant les escaliers qui mène à ce préau, bonjour, bonjour, bon on y va ? Se glisser dans le grand corps de l’écriture, eux,  leur professeur et moi avions besoin de cette antichambre… Mais là, tous attentifs, installés : c’est aujourd’hui que le livre se fabrique ! La relieuse et le massicot attendent sur une table, impatience ! Impatience et improvisation, organisation : expliquer comment se présentent les cinquante photocopies, la pagination, les découpes à faire, l’ordonnancement… Mais avant tout, choisir avec eux la fameuse couverture car " leur " roman aura été leur choix  jusqu’aux derniers détails : un élève, photographe émérite a fourni dans la semaine une série de photographies pour agrémenter le livre. Chacun y va de sa préférence, preuve que " leur " livre ne les laisse pas indifférents, il faut pourtant choisir : votons ! Puis il faut fabriquer la couverture et la quatrième de couverture sur des feuilles cartonnées. Les photocopieuses en couleur sophistiquée sont devenues de véritables petites imprimeries… à condition de trouver les bons réglages, ce qui prit beaucoup de temps et de tâtonnements. Enfin, l’atelier de production se met en route : certains massicotent, d’autres trient, vérifient, relient, bref, une véritable petite usine se monte l’espace d’une heure… Les premiers livres sortent… Les premiers commentaires, étonnements, appropriations : celui-là sera le mien hasarde un élève en saisissant un exemplaire, puis un autre l’imite… Enfin, très gentiment, chacun d’entre eux vient me demander une dédicace, les livres passent de mains en mains, des signatures s’échangent : un livre, " leur " livre est l’aboutissement de ces dix séances de lecture et d’écriture où les difficultés de concentration, la personnalité de chacun, la difficulté du travail de groupe liée à ce sentiment d’infériorité d’être dans un Lycée professionnel pour devenir bûcheron, à mille lieue de la littérature, tout cela laissait la part belle au scepticisme… Pourtant, entre leurs mains, c’est " un long prénom à Crogny ", roman de 38 pages qui témoigne de l’étrangeté des mécanismes de l’écriture…
Merci aussi pour cet échange d’après atelier avec Josefa, leur professeur de français. Je reviendrais bientôt les saluer en toute amitié, en dehors de l’écriture et pour ce que chacun d’eux m’a apporté…

 

 

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