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Impasse des hirondelles, une lecture de Composants,

Par Mona Chollet

www.inventaire-invention.com

 

Ce n'est pas seulement à cause de la beauté limpide et précise de l'écriture que les yeux glissent sans heurts le long des lignes, dévalent la page, remontent au début de la suivante, passent d'un chapitre à l'autre. C'est aussi parce que la structure du roman reproduit un découpage aussi intimement intégré à chacun que son propre souffle : celui d'une semaine de travail. Premier chapitre : Lundi matin. Deuxième chapitre : Lundi midi. Troisième chapitre : Lundi après-midi. Quatrième chapitre : Lundi soir. Cinquième chapitre : Mardi matin… Dernier chapitre : Vendredi soir. "Au bout du chemin, le sommeil vient. Glissade dans le week-end, la fraction des deux septièmes d'une semaine banale, fabriquée en série, à la chaîne, manufacturée." Parce que le découragement du lundi matin contient déjà l'euphorie du vendredi soir, il y a une bizarre volupté à se laisser porter, à glisser le long des heures, à dévaler le jour, à remonter au début du suivant, en une progression quasi dramatique vers l'apothéose du week-end, dont le sentiment de liberté éprouvé chaque soir à l'heure de prendre congé, de retrouver l'air libre, la rue, lorsqu'on "efface les traces du travail sur le trajet du matin parcouru à l'envers", donne un avant-goût, un acompte. Un intérimaire, marié, père d'un adolescent et d'une fillette, ouvrier pendant quinze ans dans l'automobile, licencié pour raisons économiques, se rend à un nouveau boulot, aux confins d'une banlieue. C'est son vingtième ou trentième contrat d'intérim. L'adresse à la main, il examine les plans sous les abribus, demande son chemin : "Demain, ce sera déjà l'habitude." Il cherche l'entreprise Meca-Industries, dans le quartier "Agora Entrepreneurs" : "Cette complication nouvelle, le travail rassemblé non plus dans des zones artisanales ou industrielles, ZA ou ZI devenues vétustes, obsolètes, ayant fait place à des pôles d'activités, des espaces de création, des pépinières d'entreprises, tout un vocabulaire de parc d'attraction." Il s'est levé à l'aube : "Le trajet : 10 minutes à pied, un train pendant45 minutes, des couloirs, un autre train pour 40 minutes, deux bus et encore 15 minutes, l'entreprise juste en face de l'arrêt. Avec les attentes, ça fait deux heures et quart le matin, autant le soir." Il trouve l'endroit, se présente au patron, reçoit ses instructions. "Un peu plus tard, c'est la brutalité du travail." Sa tâche consiste à étiqueter et à ranger des caisses d'engrenages et de composants mécaniques.

Composants se déroule dans cet univers-là : les transports en commun, la banlieue industrielle, le hangar, auxquels s'ajouteront un hôtel économique et une cafétéria de centre commercial. Pourtant, il n'a rien de déprimant ni de glauque. Le travailleur arraché à son lit, précipité dehors à des heures indues, enfermé dans un entrepôt sombre ou ballotté dans un train le soir, fourbu, se débrouille toujours pour avoir accès à un au-delà de sa condition, pour grappiller quelques éclats de grâce. On est au printemps, et, même dans ce royaume de la facticité et de la laideur, la présence de la nature est permanente, s'entoure de magie. Un soir, en sortant des locaux de l'entreprise, l'intérimaire lève le nez: "Le ciel est phosphorescent avec une première étoile, il fait doux." Le matin, d'être si tôt jeté sur les chemins lui donne au moins le privilège de surprendre l'intimité d'un monde émergeant peu à peu de sa torpeur : "Le bus démarre, il fait jour laborieusement, paysage lent par les vitres comme noyé de lait." Le soir, pendant le trajet du retour, il est exténué : "Parfois, la fatigue rémanente se double d'une curieuse paix, il suffit d'un rien, le soleil perché au-delà des verrières, la conversation tranquille de deux voyageurs, le regard malin d'un gamin qui s'amuse." Sous ses yeux attentifs, avides de beauté, les gouttelettes de pluie sur une échelle d'aluminium "ressemblent à des perles", et le ruban phosphorescent des routes est "soyeux comme une fourrure rase de bête sauvage". Il raconte aussi comment, au travail, une fois pris les automatismes du corps, "l'esprit travaille en parallèle, à côté des gestes. Et s'évade". La nuit qu'il passe dans un Fasthôtel, le jeudi soir, pour être plus tôt sur place le lendemain matin et avoir le temps de finir le travail, se peuple de pensées profondes : "Cette pérennité des choses et d'avoir réfléchi au monde, tout cela contribue à ce que la nuit d'un hôtel économique devient riche et sereine."

Les romanciers qui prétendent se coltiner la réalité – selon la virile expression en vigueur – dans ses aspects les moins gais pratiquent souvent une approche superficielle qui appelle naturellement le misérabilisme. Mais ici, on est dans la tête de l'homme, là où chacun met en place ses dispositifs de résistance secrets, modestes et essentiels ; là où tout misérabilisme devient impossible. Beinstingel restitue une intégrité : un être humain avec son corps, ses gestes, ses nerfs, son esprit, son âme, ses sensations, son imagination, ses impressions, ses souvenirs, ses pensées. Avec un intérieur et un extérieur, et les raccords souvent difficiles entre les deux – quand la fatigue abrutit, par exemple"L'effort qu'il faut faire pour comprendre la conversation le soir après le boulot, on dirait que les paroles s'évanouissent en emportant leur sens, dans le cerveau, une sorte de silence entre chaque mot pour les accrocher comme avec des pinces à linge. On percute pourtant, on répond juste : – Ah, c'est bien !" Ou lorsqu'il croise son reflet dans un miroir, dans un lieu public : "L'étrange sensation d'une face inconnue, perdue, isolée au milieu de ses semblables, totalement différente du reflet quotidien et matinal dans la glace de la salle de bains, entouré d'objets familiers, de meubles stratifiés connus, mais là, cette boule parmi d'autres sphères identiques, yeux, nez, bouche. Cet air de lassitude, visage étranger déjà vieux, apparaissant brusquement plus vieux que les voisins (…). Mais soi enfin ! On le sait, le sang bouillonnant dans les veines, la jeunesse éternelle qu'on se trouve, tellement vivant et pourquoi ce décalage avec ce visage aux traits tirés, terreux, cheveux ternes, supposé être son image, comment la relier ?" Avec cette écriture, on est au cœur du personnage, là où il est souverain, là où il échappe à toute définition réductrice. On apprend incidemment qu'il est d'origine maghrébine, mais cette information autour de laquelle, dans un récit d'un autre genre, l'attention aurait été prompte à se réorganiser, reste ici à sa juste place : un déterminant de la couleur des souvenirs d'enfance, tout au plus. Et lorsqu'un employeur en tire des conclusions hâtives, "pas là pour rigoler, en France c'est comme ça", ou se lance dans des "monologues sans rapport avec le boulot : insécurité dans les banlieues, montée de l'intégrisme, toute une philosophie vue à la télé", on éprouve la même lassitude que lui. On le reçoit comme une incongruité, ce qui permet d'éprouver à quel point on est loin de tout ça, déjà. En ancrant le point de vue du récit dans cette intériorité, Beinstingel fait de l'intérimaire de Composants, en même temps qu'un personnage singulier et attachant, un double de chacun. De tout le roman, pas un seul "il", d'ailleurs : rien que des "on", des infinitifs. Va pour le "on".

Les résistances minuscules n'empêchent pas la lucidité – la seconde est même sans doute la condition d'existence des premières. On compose, on accepte son sort, on tente de lui trouver des circonstances atténuantes, mais on l'interroge, aussi, on le remet en question, douloureusement. On souffre des déterminations qui font qu'on est là, dérisoires jusqu'à l'insulte : "Et pourquoi continuer dans ces hasards ? Prendre un carton au hasard dans ce tas constitué aléatoirement par n'importe quel chariot élévateur au milieu d'une pièce banale. Choisir au hasard un endroit sur une lignée d'étagère vide. Et ce boulot pris au hasard de l'intérim. Vertiges. Renoncer." On repense à l'effroi du médecin qu'il avait fallu consulter après le contrat sur la chaîne de peinture – "infiltrations dans les muscles" : "La peinture, rien de plus terrible que la peinture et sans protection encore, faites pas les cons, les gars!" On pose un regard de pitié tendre sur la secrétaire de l'entreprise : "Cou gracile, jeune, vingt-quatre, vingt-cinq ans, c'est une princesse enfermée. (…) Une fraîcheur qui s'usera avec l'entreprise, papier peint des murs et visage vieillissant ensemble, se confondant." Sur sa femme, aussi, "seule en journée dans ce monde domestique, l'homme dans ses intérims, tous deux n'ayant pas choisi, subissant, résolvant chose après chose". Comment ne pas se révolter contre cette vie où la forme tient lieu de fond, la règle de sens, contre ce quotidien tout entier occupé à une activité qui divorce de l'intérêt propre comme de l'intérêt général ? A cet égard, les apostrophes de deux syndicalistes qui font irruption dans l'entrepôt, et avec qui pas un mot ne sera échangé, comme si l'intérimaire était transparent, introduisent dans le roman une note cruellement surréaliste : "Y a pas d'extincteur près de la porte", "Normalement, on ne met pas de l'antidérapant devant les étagères ?"… On se rend compte qu'on ordonne sa vie en fonction de l'attente, attente de quelque chose qui ne vient jamais, ou qui déçoit. Certaines semaines, on réussit à finir le travail plus tôt, histoire d'être en week-end dès le jeudi soir ou le vendredi midi : "Le vendredi à la maison, on conduit les enfants à l'école, on tourne en rond dans l'appartement, la femme qui parle, l'effort qu'il faut faire pour écouter l'habitude n'y est pas (au boulot, les autres ouvriers sont taciturnes pour la plupart ou sifflotent en écoutant la radio) et le malaise qu'on ressent à être inoccupé. Le vendredi, donc, duquel on se réjouit d'avance, vire vite à l'ennui." Même le week-end n'est pas toujours aussi beau qu'on l'a imaginé, malgré le désir de "donner une valeur particulière, précieuse, à ces heures de liberté, hors contraintes", qu'on espère longues "car rien ne semble jamais assez bien payé au regard de l'aliénation des heures travaillées". Et puis, le lundi suivant, tout recommence… "C'est la fin de la sema lot à gagner, la reprise du travail comme une sorte de panier garni." On rêve de casser cet engrenage ine, on le réalise : c'était un intérim de plus et lundi le seul avenir que l'on puisse deviner, le seul de renouer avec ce qu'un oncle détesté appelait "le temps perdu des livres" : "Peu de livres dans l'enfance, un jour dans la cuisine l'oncle avait dit à la mère l'inutilité des livres, tandis qu'on ânonnait la leçon de lecture. L'expression exacte de l'oncle "le temps perdu des livres", on avait compris de travers, on s'était imaginé perdu sur une île déserte à lire indéfiniment." Tout le roman est traversé, taraudé par le fantasme d'un envol, d'une échappée. Petit, on jouait avec un avion en plastique, un cadeau Bonux : "Dix kilomètres/heure, en deux heures le petit avion de plastique pouvait aller jusqu'à la tour Eiffel, symbole d'évasion, de liberté, but à atteindre. Rester donc à rêver longtemps était un délice, chevauchant le petit avion comme une oie sauvage, toute une imagerie de contes cartonnés aquarelles naïves, et s'identifiant au garçonnet agrippé au cou d'un oiseau aux allures de Boeing, bouche ronde de surprise, regard écarquillé, émerveillé, regardant le sol, maisons, routes, champs et bois minuscules (parfois un tracteur, un homme à côté, tête en l'air, saluant l'équipage dans un coin du dessin). Oui, atteindre la tour, partir vers le tout dernier étage, sur la petite passerelle exiguë dominant Paris, juste sous les antennes pouvant capter les radios du monde entier." Le long des routes, sur le trajet vers le boulot, des publicités ("Besoin d'évasion ? Club Mar-y-sol !") semblent inviter à une déviation ; mais on reste sagement sur les rails. "Impasse des hirondelles", dit un panneau indicateur entrevu dans un lotissement… Une vie tellement réglée que, même sur les trottoirs, on a "la sensation de marcher dans un corridor".

Dans l'entrepôt, on travaille seul, "personne sur le dos". On ne reverra pas le patron de la semaine, on échangera à peine trois mots avec les secrétaires à qui on rend les clés du hangar chaque soir. Un pur face-à-face avec le Travail, tantôt tête-à-tête, tantôt duel ; un concentré des relations ambiguës qu'on entretient avec lui. Dans une des analyses les plus intéressantes qu'on en connaisse, l'écrivain Jean Sur désigne, comme origine à sa sacralisation, un fantasme d'ordre forcené, un refus de la vie, un "refus premier de laisser-être" : "Une sorte de fermeture première, antérieure à tout débat, qui habite la structure et s'impose à ceux qui y vivent, dont l'origine paraît si ancienne qu'il est presque insensé de la mettre en question et de ne pas la considérer comme un donné inévitable de l'histoire des hommes." Dans son hypothèse, la tyrannie de l'économie ne jouerait qu'un rôle secondaire : "Les finalités si agressivement pragmatiques de l'entreprise pourraient bien alors cacher leur contraire : une idéologie du verrouillage de la société et de l'homme qui doit peut-être moins qu'on ne le croit à la logique économique mais qui y trouve son lieu idéal, sa colonie, son empire. (…) Ce qui est à protéger est en fin de compte encore plus précieux que les réserves d'or, les flux monétaires et les combinaisons du pouvoir : c'est un refus premier, très mystérieusement paré des prestiges de la vie, une sorte de secret à l'envers, un élixir de non-vie." Ce "refus premier", les travailleurs en souffrent, mais il s'appuie aussi sur les relais plus ou moins obscurs qu'il trouve en chacun d'eux. Mardi matin, deuxième jour à Meca-Industries : "La boîte contenant les étiquettes sur le comptoir, on est presque content de la retrouver, pourquoi ? Elément contribuant à l'ordre peut-être, l'expression prendre ses marques, une confiance indicible engrangée pendant toute la journée d'hier en arpentant la pièce (…).Une tranquillité." Un peu plus tard, c'est la crise : "Est-ce la suite logique d'éventrer de nouveaux emballages et de disposer le matériel sur les tablettes ? En vertu de quoi ? L'aboutissement du rangement ? La phase terminale d'un cancer de l'ordonnancement du monde ?" Cette semaine-là, un ras-le-bol éclate. Un empêchement têtu, "l'envie de bousculer un ordre établi", retient l'intérimaire de terminer sa tâche. L'explication, toute simple : "On en a marre d'ordonner un monde qui ne vous rend pas la pareille." Les relais intérieurs qui faisaient du travailleur le complice de l'ordre et de la non-vie faiblissent dangereusement quand lui-même est condamné à l'intranquillité : "On désire la famille et le bonheur et c'est le chômage qui pointe, les multiples boulots, l'intérim. Ainsi, on se retrouve comme déplacé en permanence, perdant constamment des marques, des repères, étant obligé de vivre dans un désordre permanent."

La tentation de la rupture s'alimente d'une fascination pour les noms des composants qu'on doit ranger, lus dans le catalogue qui les répertorie : réducteur planétaire, pignon arbré, galet tendeur, vis mère à rattrapage de jeu puissante, accouplement flexible à disque double, roue libre combinée à aiguille, circlip externe, amortisseur de chocs rotatif en acier, écrou six pans… On devient sensible au potentiel de subversion tapi dans les mots : "Mais le danger et le pouvoir des mots, l'entreprise les connaît et sait les parades à mettre en œuvre : rationalisation, étiquetage, gestion par ordinateur, tout ce qui doit empêcher que le magasinier, la femme de ménage, le chef d'atelier ou le patron s'attardent un beau jour au hasard à détecter la poésie des mots. L'arme absolue existe : le code barre. Le code barre, ce langage industriel indéchiffrable, sorte d'anti-poésie, tentative réussie pour réprimer, annuler dans l'œuf l'évasion de l'esprit. Les mots sont dangereux ? Passons-nous d'eux, inventons un langage que seule une machine puisse lire !" Vient l'envie de cesser de ranger, empaqueter, camoufler circonscrire, neutraliser – toute une recherche de rentabilité et d'efficacité qui cache une peur de la vie et de ses luxuriances : "Ne pas chercher à reproduire les erreurs des entreprises, ne pas vouloir tout régenter. Laisser libres les mots et la poésie !" L'envie de se désolidariser, "la tentation de l'île déserte" : "Le mot tentation, tentation de la pensée, s'enfermer pour soi-même, le péché de s'échapper des autres et de l'intérêt commun." Les deux derniers jours, jeudi et vendredi, on va jouer avec cette tentation. Sans se faire d'illusions sur la fin de l'histoire : "En quelque sorte, on veut l'anarchie, mais bon… On sait pertinemment que la dernière action sera faite pour la tranquillité de la femme, les gosses, la famille, les pères, les mères, toutes ces vies empilées sur le même mode : on bosse, on vit." Après une nuit d'exaltation à l'hôtel, on reprend le travail, sagement. "Alors quoi, hier après-midi, convaincu de l'absurdité d'ordonner, prônant l'anarchie, la chienlit et aujourd'hui, prêt à se délecter du rangement ?" Le lecteur serait mal placé pour traiter l'intérimaire de dégonflé : il s'était si bien installé dans ce découpage confortable et sans surprise du temps, dans ce train-train sans histoires, conforme aux attentes sociale, dans ce petit plaisir du travail bien fait, qu'il est pris de panique en voyant le personnage quitter le hangar en pleine journée pour aller poser sa réservation à l'hôtel, s'attarder un peu trop longtemps dans la chambre qu'on lui attribue… Mais qu'est-ce qu'il fout ? Allez, il faut y retourner, maintenant… Sinon, on n'aura jamais fini à temps… Vite ! Il imagine avec encore plus d'inquiétude que lui les conséquences d'un décrochage : à quoi bon la colère du patron, la colère en cascade de la boîte d'intérim, les larmes de la femme, le désarroi des enfants ? A quoi bon un fou hagard de plus errant dans les rues ?… Mais non : l'intérimaire n'en est pas là, il n'est pas fou, il ne décrochera pas. Et le lecteur sera à la fois déçu et rassuré.

Ecrivant comme on marche sur des œufs, Beinstingel raconte une expérience dans son exhaustivité et sa complexité brute, par touches successives de même valeur, sans jamais s'appesantir, sans fausser sa restitution par un poids excessif accordé à un élément au détriment d'un autre. Il ne commet pas l'erreur de dramatiser la révolte, de la séparer de la résignation avec laquelle elle cohabite dans les têtes. "On réalise avec acuité que peu importe les conduites et les opinions des hommes, l'important est de basculer incessamment entre ordre et désordre, entre Panurge et Narcisse, le monde pour avancer se résumant à cet immense moteur à balancier." Une conclusion, parmi d'autres : "Oui, en ces lieux, la beauté des mots est stérile, la poésie semblable à une sorte de chancre, une verrue superflue, inutile à la tâche immédiate, mais on garde l'obsession bienfaisante, réconfortante de la savoir existante et permanente."