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Pâques aux îles du Cap Vert, carnet de voyage
du 18 au 25 avril 2011
" Je ne sais quelles îles de l'impossible Sud attendent mon
naufrage,
Ou quelles palmeraies de littérature me donneront au moins un vers. "
Fernando Pessoa
Prenez une poignée d'îles, jetez-les au milieu de l'océan, faites venir des marins
portugais au milieu du XV° siècle, ajoutez Christophe Colomb pour y faire escale entre
deux voyages vers les terres nouvelles, laissez mariner quelques siècles dans la torpeur
tropicale et un beau jour, allez-y : tout est intact, vous êtes à la fois marin
portugais, découvreur d'Amérique, européen prêt à renaître, africain dans la terre
ocre, brésilien par esprit pionnier. Vous êtes le vent, la mer, le soleil, vous êtes
les plaines de sel, les vallées verdoyantes, vous vous confondez dans chaque grain de
sable noir, chaque pierre rude, vous êtes la canne à sucre arrachée au vertige des
parois, vous êtes le reflet changeant des poissons sur l'étal des marchés, vous êtes
pareil au coq de village au matin sous les bananiers lorsque vous grimpez sur les chemins
pavés dans le soleil déjà chaud. Vous êtes libre. Vous êtes le monde entier dans un
concentré d'îles.
île de Santiago
On débarque à
Praia, la capitale, et dès la descente de l'avion la chaleur vous écrase. Pas le temps
cependant de laisser les semelles s'enfoncer dans le tarmac, la ville vous attends :
marché, centre-ville, mairie, palais du président et une foule dense, affairée autours
d'étals, se croise, vous frôle dans un rythme presque lent. Premières impressions :
couleurs, langues, architecture, Praia ressemble à Salvador de Bahia, sa cousine
brésilienne. Nous ne nous y attardons pas : tant de choses à visiter ! Par exemple,
également sur Santiago, Cidade Vehla, nommée aussi Ribera grande, est le berceau
historique de l'occupation du Cap-Vert : les portugais y débarquent en 1460. Cidade Vehla
est surmontée d'un fort. On y trouve aussi une colonne pour y exposer les esclaves qui
finiront par traverser l'Atlantique. Ribera Grande se prolonge par une vallée verdoyante,
bordée de jardins, de manguiers et d'étonnants baobabs abritant des martins pêcheurs.
île de Sao-Vincente
Mindelo, la
principale ville est aussi la plus musicale de l'archipel : c'est là que Césaria Evora est
née. Elle y habite encore, paraît-il. De Mindelo, on découvre l'activité du port mais
aussi, à notre retour plus qu'à aller (c'était un samedi matin), l'intense activité
des marchés aux poissons, aux fruits et légumes, étals divers et boutiques hautes en
couleurs. L'après-midi, les rues se vident soudain de toute agitation : a-t-on rêvé ?
île de Santo-Antao :
Pour s'y rendre,
c'est tout un périple : avion jusqu'à Mindelo, puis une heure de bâteau pour découvrir
les reliefs escarpés de cette île qui est, à mon sens, la plus belle de toutes, la plus
sereine et ses habitants, les plus doux.
Santo-Antao est une île volcanique aux reliefs escarpés, ce qui n'exclut pas une
agriculture opiniâtre : elle s'étale dans le cratère de Cova. Des mimosas y
fleurissent. Mais quand on redescend dans la vallée, la brume s'ouvre et les cultures en
terrasse apparaissent. Les fermes de pierres aux toits de cannes laissent la place aux
villages et au langage universel des hommes.
Mais même lorsqu'on semble perdu au fond des vallées agricoles, la mer finit toujours
par se montrer. Les vents et le sel dessèchent alors les parois mais rien n'arrête le
courage des hommes, ni pour bâtir, ni pour cultiver. Les chemins sont impeccablement
pavés et les chemins serpentent avec bonheur jusqu'à la plage d'un sable noir et soyeux.
Ce qu'il reste dan snos mémoires : des barques pour se souvenir de la mer si
présente au Cap-vert,
des maisons
apercues dans la quiétude des jardins,
des rencontres :
"Si bo t'screve'm M'ta screve'b Si bo t'squece'm M'ta squece'b Até dia Ke bo
volta
(Si tu m'écris Je t'écrirai Si tu m'oublies Je t'oublierai Jusqu'au jour De ton retour)"
Césaria Evora Sodade
(04/05/2011)
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