« Du
désert de bitume fuient droit en déroute avec les nappes de brumes échelonnées en
bandes affreuses au ciel qui se recourbe, se recule et descend, formé de la plus sinistre
fumée noire que puisse faire l'Océan en deuil, les casques, les roues, les barques, les
croupes. La bataille !
Lève la tête : ce pont de bois, arqué ; les derniers potagers de Samarie ; ces masques
enluminés sous la lanterne fouettée par la nuit froide ; l'ondine niaise à la robe
bruyante, au bas de la rivière : les crânes lumineux dans les plans de pois et
les autres fantasmagories La campagne.»
Arthur Rimbaud, Les Illuminations
« Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une
bête, un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques,
féroces, avares. Marchand, tu es nègre ; magistrat, tu es nègre ; général, tu es
nègre ; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre : tu as bu d'une liqueur non
taxée, de la fabrique de Satan »
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir :
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir... »
Arthur Rimbaud, Ophélie
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« Les
inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles. »
Arthur Rimbaud, La lettre du voyant
« Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! »
Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre
« Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai. »
Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre
« Tout doucement,
jallais vers lespace public, lespace vécu, le territoire. »
Raymond Depardon, La France
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