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" éléments,
remarques, notes et interrogations sur PPPP "
Dans cette première épreuve, on ne peut s'empêcher de regarder la liste du même
auteur (et qui c'est celui là...) qui augmente, même si c'est lent, même si on
réalise qu'on a encore oublié de dire à l'éditeur de rajouter "La Réserve,
Guéniot, 2000".
Bien sûr, découvrir la première page de la première épreuve,
c'est déjà s'imaginer comment sera le livre, essayer de détecter ce qui vous fera
tourner la page... et déjà rectifier quelques détails...
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Paysage et portrait
en pied-de-poule
parution en janvier 2004, Fayard
Première épreuve et découvrir enfin le livre
(12 et 19/11/2003)
Un nouveau livre prend corps, non pas avec la remise du manuscrit, son
acceptation par l'éditeur mais dans les corrections, la manière de se réapproprier le
texte, et surtout, le choc de découvrir la première épreuve... avec le titre inversé
par le typographe... Et se demander lequel finalement de ses deux titres PPPP
surréalistes (comme on a pris l'habitude de le nommer) sonne le mieux...
L'épigraphe, petite phrase d'un autre auteur que l'on place avant
les premiers mots. Et pourquoi, quelle alchimie m'avait fait citer Raymond Carver pour Central,
rien pour Composants et maintenant Beckett? Mais l'évidence cette dernière
phrase de "Mal vu, mal dit" et ce dernier mot de bonheur...
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La 4ème de couverture
(il est temps de dévoiler lintrigue
26/11/01)" Des clochers raclent le ciel comme des navires
échoués, tout un paysage tangue au fil de ces pages : au milieu des terres
labourées, un tracteur Fiat bleu passe ; à son volant, un ouvrier agricole.
Cest son histoire qui est ici racontée. Ses semaines, partagées entre les champs,
le café du village sur la nationale, la bâtisse familiale au décor inchangé depuis son
enfance, les bals du coin, quil fréquente assidûment pour tromper sa solitude et
rencontrer, qui sait, la femme de sa vie. Mais quelle est celle qui voudra de cet homme
entre deux âges, sa veste pied-de-poule un peu démodée sur les épaules ? Et que
fera-t-il, lorsquil découvrira un soir, en rentrant du boulot, sa mère morte dans
le poulailler, face contre terre ?
Son histoire est aussi celle dun monde qui finit, où les petites exploitations
meurent, et où la télévision, lucarne vide de sens, luit dans la nuit des fermes. Reste
la beauté des paysages et des chemins creux, que lauteur, dans un souffle, rend
palpable. " |
La question que pose Gerhard Richter, peintre allemand, né en 32,
dont les tableaux ressemblent à sy méprendre à des photographies, est celle du
rapport à la réalité : comment sapprocher le plus possible du vrai, du
réel ? Hyper réalisme donc, avec son tableau " Chinon N° 645
", exposé au Musée dArt Moderne de Beaubourg et dont le format imposant
laisse entrevoir quil a dû être confronté à un sacré défi (défi du
sacré ?) pour pénétrer, comment dire, matériellement dans la représentation du
paysage.
Javais déjà commencé PPPP quand je suis resté de longs moments devant cette
peinture.
Henri Hayden, ami de Beckett, avait trouvé dautres voies (prochaine mise à
jour de cette rubrique).
" Le paysage est le royaume de la ligne parallèle : bandes fauves,
mauves vers linfini, une toute fine, bien derrière, dernier recul de la terre avant
linsolence de lhorizon et lévidence du ciel, une plus épaisse, juste
devant, de cette couleur indéfinie, mélange de kaki et de rayons ultraviolets pour la
soupe lointaine et mélangée des plaines et des forêts. Une fois séparés le ciel et la
terre, une fois que le parallélisme et lhorizontalité ont posé leurs théorèmes,
des bois lointains, bleus, savancent en roulant mollement sur les champs,
jusquà prendre, vers les plans les plus rapprochés, des allures de nuages verts,
cotonneux, posés sans pesanteur comme des chenilles fatiguées. (PPPP, ch 3) "
(03/12/2003) |
La visite de lexpo Matisse et Picasso a
été sans doute un des éléments déclencheurs pour lécriture de PPPP. Jen
avais fais une note de lecture le 13/11/2001 (ci-dessous). Ce quil faut
retenir : le " paysage " de Matisse, qui envahit le
"portrait" par dessus lépaule. Le découpage de Picasso. Tout cela est
caché sous les couches de peinture de PPPP.
" Les deux Italiennes ont été peintes en 1916 (Matisse) et 1917
(Picasso). Apollinaire allait bientôt mourir de la grippe espagnole, Blaise Cendrars
avait perdu son bras à la guerre, Genevoix se remettait de ses blessures : rien ne serait
plus comme avant. Pourtant, à lheure où Cendrars rencontrait Raymone et rédigeait
Profond Aujourd'hui, texte sur lesthétique de la modernité, nos deux
peintres sémouvaient au-delà de la guerre dune réalité, bien éloignée de
la boue masculine des tranchées, féminine, plus riante et chargée de soleil. Et
cest dans cette note de lecture que je veux leur rendre hommage et regarder ces
tableaux cest comme lire deux chapitres dun livre quon pourrait
intituler Transfiguration du réel. En effet, comment mieux exprimer que Matisse son
extraordinaire composition avec ce débordement du fond comme une vague (de fiction ? de
réalité ?), ce qui est la part dinterprétation, de sublimation du peintre ? Et
Picasso, de quelle façon fragmentait-il ses sensations pour restituer à chacune
dentre elles son énergie?
La " lecture " de ces deux tableaux nous en apprend beaucoup plus quun
livre : comment glisser dans la douceur des phrases de Matisse, comment passer dun
paragraphe à un autre de Picasso, comment "décrire" finalement, car comme le
dit Claude Simon : " le concret, c'est ce qui est intéressant, la description
d'objets, de paysages, de personnages ou d'actions; en dehors, c'est du n'importe quoi.
"
(10/12/03) |
La couverture de PPPP :
la très belle photo du bandeau en forme de croix
dun motif pied-de-poule est une trouvaille de lirremplaçable Yun Sun.
La terre des champs rappelle la période rose de Picasso, encore et toujours.
Sachez la retrouver chez votre libraire préféré ! (17/12/2003) |
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Présentation du livre sur le site www.editions-fayard.fr comme une autre 4ème
de couv (et où lon apprend quon est " lun des
" jeunes " romanciers qui comptent
- 24/12/2003) " Né
à Langres en 1958, Thierry Beinstingel est cadre dans les télécommunications. Il a
publié chez Fayard Central (2000), premier roman fort remarqué par la presse, et
Composants (2002), lui aussi largement salué par la critique. Ce roman a reçu une
mention au prix Wepler 2002 et a imposé Thierry Beinstingel comme l'un des jeunes
romanciers français qui comptent.
Fils de cultivateurs, le personnage principal est ouvrier agricole. Son père a vendu les
terres de la ferme familiale à une grosse coopérative régionale. Il loue donc ses
services à un groupement céréalier et sucrier et sillonne ainsi la campagne au volant
d'engins qui labourent et fauchent le paysage. Il est célibataire, vit seul avec sa
vieille mère dans l'ancienne ferme. Son quotidien se partage entre les terres, le café
du village, sur la nationale, où il va prendre un petit verre en passant, la bâtisse
familiale au décor inchangé depuis son enfance et les bals du coin, qu'il fréquente
assidûment pour tromper sa solitude, et rencontrer, qui sait, une femme qui serait faite
pour lui. Un soir qu'il rentre un peu tard, au volant de son tracteur Fiat bleu, la mère
n'est pas dans la cuisine. Comme elle tarde, il se décide à aller vérifier que tout va
bien et trouve sa mère étendue dans le poulailler, morte déjà. Dans la monotonie des
jours, cet événement est comme une parenthèse : sa sur qui a fait sa vie en ville
revient pour les préparatifs de l'enterrement. Deux univers se confrontent, le temps
d'une cérémonie
La campagne de Thierry Beinstingel n'a rien d'une carte postale qui chanterait le retour
à la terre. Au contraire, ce qui s'y joue, c'est toujours le drame né d'une difficulté
à être ensemble, à communiquer, c'est également la perte des repères, dans ces champs
qui sont de jour en jour plus vastes, où les petites exploitations meurent, telle la
mère dans son poulailler, et où la télévision est omniprésente, lueur vide de sens
dans la nuit des fermes. " |
Quand Remue.net parle de Paysage et portrait en
pied-de-poule, "de plus en plus expérimental mais avec une justesse et une
humanité qui lui donnent une voix bien reconnaissable", c'est aussi
évoquer les portraits de Beckett et les paysages de son ami le peintre Henri Hayden.
(21/01/04)
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- Petit complément à propos des deux Italiennes de Matisse et Picasso (voir
ci-dessus). Re-situons-les dans le contexte de 1917, le cubisme à déjà 10 ans, les deux
peintres sortent de la disposition des natures mortes, des nus et entament simultanément
un retour au portrait " dans la réalité ". Jai déjà signalé
limportance de lItalienne de Matisse dans le projet fusionnel du paysage et du
portrait, Matisse le souligne à la même époque pour ses Odalisques :
" dans cette ambiance de relaxation alanguie et sous cette torpeur solaire qui
baignent les choses et les êtres, une grande tension couve, qui est dordre
spécifiquement pictural, tension qui provient du jeu et des rapports des éléments entre
eux. "(28/01/2004)
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Un nouveau livre laisse forcement des traces dans un site qui se
veut "tentative d'exposition du travail littéraire", sorte de jeu de piste qui
part de l'incertitude, du truc vague, jusqu'à la certitude de la parution. On peut
reprendre le chemin parcouru :
"
une dizaine décrits plus ou moins commencés, à finir ou
temporairement abandonnés, notamment les textes au noms de code JJ et PPP. Tout cela doit
bien représenter un volume de 250 pages
/
2003 sannonce ainsi assez
solide dans le pétrissage des mots
"
(01/01/2003, Notes décritures)
" PPPP, il est temps den parler, le bouquin en cours qui se cache
derrière ce sigle me tient en éveil depuis novembre
/... Mais quest-ce
donc ? Petite Poésie Pendant la Paix ? Participation au Pouvoir du Parti du
Peuple ? Pléthore de Pluies sur Pavots Planants ? Perceuse Pulsatile en
Polissage Permanent ? "
(21/05/2003, Notes décriture)
" cet été exceptionnel ne mavait pas laissé lesprit ni le temps
jusqualors pour me consacrer à PPPP, manuscrit présenté à léditeur début
juillet mais qui nécessitait quelques ajustements, il fallait donc sy mettre
Lexercice le plus difficile consistait à mêler deux chapitres afin de recentrer le
récit, le rendre plus tendu, comment dire, plus dans laction
/
Je garde
un souvenir plutôt anxieux de cette principale correction qui simposait : ce
nest quaprès plusieurs tentatives que jy suis arrivé (je pense
),
sous forme dune alternance de paragraphes puisés de part et
dautres. "
(20/08/2003, Notes décriture)
" Dans lombre de la salle à manger, lordinateur portable attendait
les corrections de PPPP, mollement mais sûrement retravaillé, sorte de préoccupation
tranquille et combien le mot de préoccupation est par ailleurs bien imagé, alliant la
réflexion avant laction. "
(27/08/2003, Etonnements)
" Il parle, nous parlons du livre à venir, PPPP qui semble désormais bien
engagé. Et puis il me dit (à peu près) : vous êtes lécrivain du temps et
de lespace, je veux dire des deux dimensions, comment dire, lespace et le
temps, en abscisse et en ordonnées. Vos personnages sont des points qui se débattent
dans à des instants précis, marqués, dans un espace voulu, modelé par les hommes,
contraints
/
Le lundi suivant, il me laisse un message sur mon mobile :
jai lu la deuxième version ce week-end, je suis très content, je voudrais vous
dire pourquoi. Je le rappelle bien sûr, avec hâte. "
(10/09/2003, Notes d'écriture) |
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