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Jules Verne, de la lune à la terre
ça se passerait dans son bel hôtel particulier acquis en 1882
il y aurait une tour pour rêver encore à la lune il y aurait son bureau pour écrire ses livres depuis longtemps célèbres
Il continuerait un peu, vingt-trois ans avant de mourir d'une maladie du sucre
On l'enterrerait, retour sur la terre. Il n'y croirait pas voudrait se lever
écrire son nom une dernière fois sur la lune ce serait cent deux ans après, un lendemain de Toussaint, rare et ensoleillé on se promenerait parmi les Maryvonnes en fleurs à côté de sa tombe il ferait beau, sa main fleurie paisible pour nous accueillir encore on profiterait du beau temps, on flanerait
un peu de compassion, un peu d'étonnement : quel poète est né est né en Toussaint à New-Yorck ? qui ne savait écrire la ville d'Ellis Island, terre idéale des rêves de lune ?
on lanternerait parmi les sourires éternels, les vaillants de granit
mais sans s'en apercevoir on glisserait vers d'autres abîmes, des abandons ce serait un cimetière d'enfant, peines lointaines, renoncements là où concession rime avec désertion pour cause d'âmes en friches
alors seulement on oublierait la lune sur la terre on laisserait son coeur (Amiens, 5 novembre 2007) |