L’avantage de faire suivre ces deux semaines d’ateliers d’écriture destinées à un format de centre aéré, c’est qu’on n’a pas le temps de laisser retomber l’énergie. Et l’action commence dès la fin de l’atelier de Vitry, puisque nous partons le soir même investir l’école de musique de Saint-Dizier pour y déposer notre matériel tout juste remballé. Je vais bénéficier d’une salle de solfège, disposée d’une manière très scolaire et que j’agence de manière un peu moins rigoureuse. J’apporte également mon paperboard, dont l’utilité a été primordiale lors de l’atelier précédent.
Le format de cette semaine consacrée aux jeux olympiques est similaire, sauf que les participants viennent de 4 associations différentes qui travaillent ensemble pour la première fois. Ajoutons à cela un nombre plus grand d’enfants, plus de 70. Dans ces conditions, 6 groupes répartis par âge ont été constitués et, lorsque le planning est finalisé le lundi matin, je me retrouve avec 18 séances d’une heure sur cinq jours, sans temps mort : un vrai boulot de prof !

Lundi 15 juillet 2024 :

Nous prenons un léger retard mais, malgré la compétence d’Initiales, la première matinée voit arriver les jeunes en ordre dispersé et le temps de recenser chaque participant passe vite. Je rejoins ma salle accompagné d’un groupe d’ados. L’avantage avec le thème des JO est qu’il est vaste et facile à mettre en œuvre. La première journée, je demanderai aux 4 groupes de proposer une liste de sports par ordre alphabétique et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, chaque lettre possède au moins une discipline y compris les X, Y ou Z. Ce premier contact permet à chacun de s’exprimer, de voir qu’elles sont les interactions dans chaque groupe, constitués de personnes qui ne se connaissent pas tous. Puis, nous trions ses sports en repérant ceux qui figurent aux JO de Paris, y compris les 4 nouveaux, l’escalade, le break dance, le skate et le surf.
Le soir, comme nous en avons pris l’habitude la semaine précédente, nous faisons un rapide bilan. J’ai eu les 2 groupes les plus grands, et 1 moyen et 1 de plus petits. Beaucoup de nationalités s’entrecroisent et cela promet de beaux échanges.

Mardi 16 juillet 2024 :

Comme la semaine précédente, c’est surtout le deuxième jour que la dynamique se met en place. Certains accompagnants se demandaient où nous voulions aller, ce que la mixité des groupes, occupés à chercher du sens pour la première journée ne permettait pas de visualiser clairement. D’autant plus que les associations travaillaient ensemble pour la première fois et que le temps du repas de midi avait dispersé les participants dans deux parcs à proximité.
Je retrouve un nouveau groupe de moyens, les plus petits et 2 groupes déjà réunis hier. C’est évidemment plus facile de continuer sur le thème du sport : je propose selon la réceptivité des groupes de travailler sur leurs sports préférés ou d’inventer de nouveaux sports olympiques comme l’escrime-équitation ou l’haltérophilie sur trampoline ! Le groupe des plus petits a du mal à se concentrer mais ceux qui les suivent immédiatement en âge sont très assidus pour recopier toutes leurs idées que j’écris au paperboard. Là encore, l’écriture ne peut-être que collective et les jeux de rimes, les inventaires (ce que l’on met dans un sac de sport par exemple) sont des moyens de susciter une parole commune.

Mercredi 17 juillet 2024 :

Déjà le milieu de la semaine. Les groupes des plus grands sont particulièrement attachants : composés en partie de migrants MNA (Mineur Non Accompagnés), ils sont très soudés malgré leurs origines différentes (afghans, africains de l’Ouest, maliens, guinéens et ivoiriens francophones, un ressortissant du Nigeria anglophone et même un jeune lybien particulièrement à l’aise en français). Ils intriguent les autres participants auxquels ils se mêlent volontiers dans un brassage culturel souriant et enthousiaste. Les autres groupes sont également très variés : un jeune russophone est originaire de l’Ossétie du Nord et c’est la première fois que j’entends parler de cette république russe caucasienne. Un autre est moldave, d’autres encore sont du Maghreb, du Cameroun, du Liban. Nous mélangeons nos différents langages et aussi nos écritures. Nous apprenons à décliner le mot « ensemble » dans toutes langues et tous les alphabets. Nous n’oublions pas pour autant l’inépuisable thème du sport : avec les plus petits, nous classons par taille les balles et les ballons utilisés dans les JO.

Jeudi 18 juillet 2024 :

Pour continuer sur la belle lancée du brassage culturel, je propose de passer en revue tous les drapeaux, hymnes nationaux et devises. En effet, nous le verrons lors des JO, le moment de la remise des médailles permet à chacun de se replonger dans ses origines. Certains chantent les hymnes de leurs pays, d’autres ferment les yeux et reprennent les paroles en silence, plongés dans leurs souvenirs. Je suis heureux de constater combien les groupes maintenant se mélangent et discutent entre eux. Pour profiter de ce bel enthousiasme, j’essaie avec certains groupes l’écriture de leurs propres hymnes. Avec d’autres nous parlons des champions locaux comme la victoire de Roger Michelot, boxeur en catégorie poids lourds originaire de Saint-Dizier qui remporta l’or aux JO de 1936 présidé par Hitler en battant son adversaire allemand !

Vendredi 19 juillet 2024 :