depuis septembre 2000

Organisé depuis plusieurs années par l’association Initiales, j’ai répondu pour la première fois à cette sollicitation. Il faut dire que je connais beaucoup d’intervenants de l’association, je sais leur implication sans faille. En revanche, ce qui me faisait peur, c’est le format de 5 jours pleins consécutifs et surtout le public composé d’enfants, placés en format centre aéré pour la semaine.
Visio de préparation, échanges mails, j’ai tenté d’organiser en amont ce que je pressentais.
Le véritable challenge, en fait, était de travailler en co-construction avec une musicienne (qui comme moi intervenait pour la première fois ici, même si elle possédait déjà une expérience d’animation avec des jeunes). Nous avions une obligation de résultat en moins de 5 jours : mes textes à mettre en musique, le tout pour une restitution avec parents et enfants prévue pour fin septembre. Plus facile à dire qu’à faire.

Lundi 8 juillet :

Les sympathiques échanges que nous avions eu au préalable ont permis de démarrer sans temps mort, avec une impatience à peine contenue. Mais le matin, histoire de faire connaissance avec notre tribu de 40 enfants, nous nous sommes rendus à l’hôtel de ville, le thème retenu étant centré sur le patrimoine de la commune.
J’ai senti de suite un excellent climat parmi les accompagnateurs, il faut dire que la plupart se sont déjà beaucoup engagés les années précédentes. Après la visite de la mairie, nous nous sommes rendus dans la vaste école réquisitionnée pour l’occasion. L’espace était grand, j’ai bénéficié d’une belle salle en rez-de-chaussée, avec des tables organisées en cercle. En revanche, j’ai l’habitude de travailler avec mon propre matériel, qui se résume à un paperboard, ce qui me permet d’afficher les textes au fur et à mesure et surtout de ne perdre aucun écrit collectif.
Car c’est bien ainsi que j’avais imaginé l’animation de cette semaine : faire groupe et écrire collectivement.
En parlant de groupes, les enfants avait été répartis en 4 sessions par âge, ce qui semblait le plus simple et le plus logique. Au total, j’ai eu 4 fois à animer chaque session, ce qui revenait à enchaîner 2 séances d’une heure pour chaque demi-journée, sauf le lundi matin et le vendredi après-midi réservée à un goûter-bilan. C’est probablement la partie la plus usante : pas le temps de souffler entre deux groupes et il faut enchaîner 16 séances sur 4 jours consécutifs, tout en sachant qu’animer un atelier d’écriture c’est de l’énergie à l’état pur !
Démarrage donc sur les chapeaux de roues avec les deux premiers groupes le lundi après-midi.
Le soir, nous prenons l’habitude de faire un petit bilan avec les autres animateurs : pour la première journée, ça roule et l’enthousiasme est intact.
Le soir, je recopie les petits textes que nous avons déjà écrits avec les deux groupes les plus jeunes : quelques haïkus et une variation sur la devise « liberté – égalité -fraternité » (thème du patrimoine et du vivre ensemble oblige) avec comme personnage une salamandre qui constitue l’emblème de la cité.
Je transmets l’ensemble à Lisa-Zazou notre musicienne qui a déjà bien avancé aussi.

Mardi 9 juillet :

Je continue sans appréhension. Je vais découvrir les deux autres groupes aujourd’hui et ainsi, j ’aurais fait la connaissance de chacun des quarante jeunes. D’emblée, la journée part bien, mieux qu’hier où l’effet de groupe n’avait pas encore joué, chacun cherchant ses marques. Avec les plus grands, nous nous orientons sur un rap dynamique que nous allons parfaire les deux jours suivants. Jeux d’écriture pour le dernier atelier des grands moyens que je n’avais pas encore rencontré.
Chaque groupe, en effet, possède sa propre manière. Les plus petits sont, à juste titre, les plus difficiles à canaliser. La plus jeune (âgée de 6 ans !) se révèle la plus brillante mais la plus remuante aussi, mais elle n’hésite pas à participer lorsqu’on la sollicite. Les moyens (de 9 à 11 ans) sont plus débrouillards, mais il faut sans cesse les sortir du cadre scolaire et les empêcher de tout recopier ! En revanche, ils aiment montrer leur habilité à lire. Les grands moyens (de 11 à 13 ans) suivent facilement mes idées saugrenues et les tout grands (jusqu’à 17 ans) se scindent en deux groupes d’ados qui rivalisent, les filles et les garçons. Il faut sentir toutes ses différences et savoir exploiter tous ces petits ressorts d’énergie sans jamais isoler quelqu’un. C’est du funambulisme à l’état pur !

Mercredi 10 juillet :

A mi-chemin (déjà !) de la semaine, tous les textes s’affinent et les perspectives musicales pour les accompagner se dessinent. Les rappeurs affirment leurs répétitions et augmentent leurs strophes. Les grands moyens s’orientent sur un texte très beau et poétique qui retrace les 4 saisons. Les plus jeunes ont du mal à rester concentré. Heureusement que leurs petits haïkus sont finalisés ! Avec les moyens, nous terminons le texte sur la salamandre. Nous décidons avec la musicienne de grouper nos séances pour commencer à enregistrer dès le jeudi.

Jeudi 11 juillet :

Le matin, enregistrement des deux groupes plus petits. Pour les 6-9 ans, il est difficile de réaliser une bonne prise de son sans recommencer plusieurs fois mais le texte sur les haïkus est réalisé. Suit celui sur la Salamandre avec le groupe des petits moyens. Nous avons une belle inspiration : citer dans la dernière strophe tous les participants.
L’après-midi, nous terminons les textes des deux groupes les plus grands. Ça avance bien, ils ont vraiment envie de parfaire leur texte et la perspective de s’enregistrer le lendemain les dope.

Vendredi 12 juillet :

Travail en commun avec Lisa-Zazou. Le rap est vraiment très beau et bien interprété avec les plus grands. Mais le texte des moyens-grands est également très construit : 4 saisons et 4 parties qui composent une véritable chanson. Nous avons l’idée de reprendre les phrases qui servent de liaison entre les strophes en portugais, car un jeune angolais vient tout juste d’arriver en France et à du mal à s’exprimer. En revanche, c’est un véritable bonheur de le voir rire devant nos efforts pour bien prononcer les phrases dans sa langue.
Car en effet, c’est un des grands avantages de ce type de semaine : faire cohabiter tant de jeunes venus d’horizons et de cultures si différents, manouches et musulmans, algériens, tunisiens, marocains, albanais, turcs, russes et afghans.
L’après-midi, d’ailleurs, révèlent ce « vivre ensemble » à travers un bilan enthousiaste de la part des jeunes et des animateurs. Vivement la restitution prévue le 24 septembre !
Mais déjà nous pensons à la suite : lundi, avec la plupart des animateurs, nous rattaquons une autre semaine similaire, cette fois-ci sur l’incontournable thème des JO, avec le double de participants prévus…

(17/08/2024)