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Ateliers de Bar-le-Duc, mai-Juillet 2021
Journal de bord

 

Dès la fin de l’année 2019, Loïc Raffa, Chargé de l’action culturelle à la Bibliothèque départementale de la Meuse, m’avait sollicité pour l’animation d’un atelier d’écriture. Celui-ci, prévu au Centre social de la Côte Sainte-Catherine à Bar-le-Duc, n’avait pu se tenir en 2020, à cause de la pandémie.
Suite à l’assouplissement des conditions sanitaires, il vient enfin de démarrer le 28 mai 2021, en même temps qu’un autre, situé à la Médiathèque.
Les participants sont les usagers du Centre social, mais aussi du Centre ressources illettrisme, de l’école de la 2ème chance, de la maison de la  solidarité et de l’association départementale des amis et parents d'enfants inadaptés.

 

Premières séances, vendredi 28 mai 2021 :

 Eh oui, premières séances au pluriel, car le matin, un premier atelier a lieu à la Médiathèque Jean Jeukens, suivi l’après-midi par un autre au Centre social de la Côte Sainte-Catherine.
Celui du matin n’a réuni que 2 participants, faute d’animateurs pour accompagner les participants de l’ADAPEIM. L’occasion cependant pour faire connaissance avec deux dames, l’une syrienne et l’autre réunionnaise, originaire de l’île Maurice.
Après les présentations, ce que je fais, pourquoi je suis là, mes livres, ce qu’on va faire ensemble, etc… Nous avons évoqué avec elles leurs pays d’enfance, d’abord sur un globe, apporté pour l’occasion, puis dans un bel atlas que je possède.
La transition était toute trouvée, le globe est un livre rond, l’atlas un beau livre, il y a des analogies entre un continent, une mer, un pays et les paragraphes ou les chapitres d’un roman.
Le travail d’écriture que je demande alors concerne leurs souvenirs d’enfance. En déclencheur d’écriture, nous listons les cinq sens qui aident à se souvenir :
La vue -Yeux/voir - regarder/apercevoir/jeter un coup d’œil/contempler/observer
L’ouïe - Oreille/ entendre/écouter : prêter l’oreille
Le goût - Bouche/ goûter/manger/avaler/ c’est délectable, succulent,, ce n’est pas bon
L’odorat - Nez/sentir/ humer / ça sens mauvais/bon
Le toucher Mains/toucher/caresser, taper
L’après-midi, au centre social, l’exercice est similaire avec toutefois les 7 participants prévus.
Belle surprise toutefois, deux participants, une jeune maman albanaise et un homme originaire du Bangladesh, réussissent parfaitement à exprimer par écrit leurs émotions et souvenirs, de même que les autres participants français.
Je récolte leurs textes, en vue du festival de l’écrit qui a lieu traditionnellement en automne.

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Deuxièmes séances, vendredi 4 juin 2021 :

J’avais prévu plutôt qu’une seule séance d’écriture, deux « jeux », l’un plus former à base des verbes de Georges Perec (déménager/emménager) et l’autre plus libre sur une variation de « Je me souviens » du même Georges Perec, ou encore sur la conjugaison des mêmes verbes à l’infinitif ci-dessus, en faisant varier les pronoms personnels (je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles).
C’était le même programme pour le matin à la médiathèque où j’espérais retrouver mes deux participantes de la dernière fois, ainsi qu’au Centre social où le groupe déjà constitué est déjà très participatif.
Mais rien ne se passe jamais comme prévu !
Le matin, mes deux participantes de la dernière fois étaient absentes et deux nouveaux sont arrivés. La première Élodie, a une sœur jumelle, et le second Jerry Lee avait un prénom suffisamment étrange pour que je l’interroge. Étonnant : ce jeune homme de 24 ans est américain d’origine, a vécu à New-York jusqu’à 12 ans et il doit son prénom à la passion de ses parents pour le chanteur Jerry Lee Lewis ! Du coup, je suis parti en improvisation totale en leur faisant raconter ces histoires de prénoms, qu’est-ce que ça fait d’avoir un prénom étrange, ou qu’est-ce que ça fait d’avoir une sœur jumelle qui vous ressemble comme deux gouttes d’eau et qui porte un autre prénom que vous. La glace a ainsi été rompue et j’ai vraiment eu l’impression d’un bel échange. Nous avons prévu la prochaine fois de faire un travail sur la BD, avec visite de la médiathèque, notamment parce que Jerry Lee s’adonne à cette passion et a déjà rédigé 10 saisons d’une BD fantastique !
L’après-midi, en revanche, j’ai retrouvé le groupe déjà bien homogène et très agréable. Nous avons travaillé de suite sur « je me souviens », il y a eu de très belles production. Je me suis inspiré du matin pour le deuxième exercice en les faisant écrire sur leur prénom. Le centre social ayant une très belle cuisine collective, j’ai demandé si nous pouvions écrire sur ce thème par la suite, notamment pour la dernière séance où nous pouvons allier nos spécialités culinaires avec les mots. La séance se termine sous l’orage avec les bouches d’égouts qui débordent et menacent d’inonder notre salle du rez de chaussée !

Troisièmes séances, vendredi 11 juin 2021 :

 Cette fois les deux ateliers, celui de la médiathèque le matin et celui du centre social l’après midi ont pris des tournures différentes.
Les participants du matin sont stabilisés et je retrouve Ofah et Lourdes qui avaient participés à la première séance, ainsi que Élodie et Jerry Lee qui viennent pour de deuxième fois consécutive. Un autre participant, Philippe est venu avec son accompagnatrice pour la première fois. Il y a donc 5 participants et ça commence à ressembler à un véritable atelier.
Nous avions donc prévu de faire une séance BD en commençant par celles que rédige depuis de nombreuses années Jerry Lee. Il en est à sa 10 ème saison, comme dans les séries. Ses planches sont constituées de simples feuilles quadrillées, les dessins sont au stylo et les textes sont en anglais que Jerry Lee, d’origine américaine, préfère. Très volubile, il m’explique les différentes histoires. Nous enchaînons sur les mimiques et les expressions des visages dans les dessins de BD, bonne transition pour les faire réfléchir sur les « émotions de base », comme prévu. Le recollement de leurs idées est collectif et sert à alimenter un vocabulaire déjà riche, sauf pour Ofah, d’origine syrienne, mais qui se débrouille remarquablement. La visite de la médiathèque que nous avions prévue aura finalement lieu à la dernière séance, pour compléter la restitution. La semaine prochaine, nous allons travailler sur de vrais écrits, peut-être avec des animaux car Philippe désire écrire dessus.
La séance de l’après-midi est maintenant bien ancrée avec ses habitués. Nous accueillons une nouvelle, Marine, très vive, qui remplace Christophe, parti en stage dans le cadre de l’école de la deuxième chance.
Là encore, le programme que je m’étais fixé la semaine précédente est à peu près respecté. Nous travaillons sur les haïkus (ou plutôt sur des poèmes courts de 3 vers), histoire de rester dans l’ambiance de l’orage et de la pluie de la semaine passée : j’ai déniché facilement quelques poèmes dans la belle anthologie que j’utilise ert qui est une aide précieuse pour les ateliers d’écriture.
Les productions, comme à chaque fois sont étonnantes : certains ont du mal, malgré l’apparente simplicité de cette forme poétique à s’affranchir de notre apprentissage conventionnel de construction de phrases.
J’ai prévu de consacrer la deuxième heure au thème culinaire, puis que nous ferons une restitution en cuisine. J’ai présenté Instants Cuisine que j’élabore en ce moment avec Alain Delatour, et, sur la base  d’un des textes, l’alphabet culinaire, je leur demande de faire de même, ou, s’ils désirent écrire autrement, de fabriquer une « recette du bonheur ». encore une fois, la production est aisée. A noter que Besmira m’a apporté un très beau poème sur l’éloignement et l’absence d’être cher « l’âme qui gémit ».

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Quatrièmes séances, vendredi 18 juin 2021 :

Le matin à la médiathèque, le petit groupe habituel est désormais en place, sauf Elodie qui travaille ce matin. Nous commençons par nous souvenir de la séance précédente en travaillant à nouveau sur la BD. A partir d’une planche de Boule et Bill, il s’agit de reconstituer les dialogues dans les bulles. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, car le dialogue n’est pas inhérent à la langue. Souvent, certains rajoutent : Boule dit à Bill… Je pensais leur faire continuer sur le dialogue en littérature et j’avais préparé un travail pour cela avec des extraits de Molière, Duras, Proust, mais à la réflexion, ça me paraît complexe. Fidèle à sa passion pour les BD qu’il élabore, Jerry Lee écrit les répliques en anglais ou plutôt en américain.
Je profite que Philippe m’a apporté un très beau texte sur son animal préféré, la biche, pour les faire écrire sur leur animal préféré, ou détesté, ou fantastique. Jerry Lee, toujours très imagé et imaginatif, désigne les moustiques sous l’appellation de « collecteurs de taxes ». Ofah se souvient des vaches dont elle s’occupait en Syrie, puis en Turquie. D’autres encore, évoquent des chats, des chiens et des oiseaux.
A la fin de la séance, la séance dérive sur la cuisine : voilà le thème tout trouvé pour la prochaine séance !
L’après-midi commence avec la distribution de textes que je reprends au traitement de texte. Ce groupe, très productif, m’assure de longues séances de recopiage !
Comme le matin, nous commençons par la récréation de la BD de Boule et Bill et, comme ce matin, c’est le même constat sur la difficulté parfois de s’ouvrir spontanément au dialogue.
Nous continuons avec des textes sur leurs animaux, comme le matin également. Besmira nous raconte combien elle aimait attraper les vipères en Albanie.
La deuxième heure est consacrée au thème de la cuisine, avec l’écriture de leur recette préférée.
Même si ce groupe est particulièrement productif, ou parce qu’il est ainsi, je me demande si cette dispersion en plusieurs travaux d’écriture en deux heures, ne leur laisse pas le champ assez libre pour produire quelque chose de plus construit. Il faudra que je l’envisage pour la prochaine fois, qui sera l’avant-dernière séance…

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Cinquièmes séances, vendredi 18 juin 2021 :

A la médiathèque, nous reprenons le thème de la cuisine élaboré la semaine dernière. Philippe décrit une scène bucolique de barbecue qui nous donne faim. Jerry Lee évoque en bon New-yorkais, fast food, cheese et pancakes. Ofah parle du poulet qu’elle prépare et Lourdes nous explique sa recette typiquement réunionnaise de la tarte à la banane.
Ensuite, nous construisons ensemble une recette impromptue et collective.

L’après-midi, Besmira nous gratifie d’emblée d’une ode à la France qu’elle a rédigé la nuit précédente. C’est un texte très beau et très construit pour quelqu’un qui n’est là que depuis 2 ans. Du coup, je demande aux participants d’élaborer et de reprendre un texte sur le thème de la cuisine et de leurs souvenirs d’enfance.

 

Sixièmes et dernières séances, vendredi 2 juillet :

Pour la dernière séance à la médiathèque, nous avons prévu à la fin une visite complète du bâtiment, qui est en fait un très beau château ayant appartenu à des banquiers nancéens au début du XXème siècle. Mais avant, séance d’écriture, la dernière et j’ai recours à l’écriture toujours très poétique à base de « Il y a ». Les textes produits sont tous très réussis et la plupart figureront dans la sélection de l’ouvrage collectif que nous entendons publier à la fin de l’année. Photo de groupe, puis nous nous dispersons avec chacun un peu de regret, avant d’arpenter les innombrables couloirs de la médiathèque.

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L’après-midi, c’est également la dernière séance. Pour l’occasion, Djamila nous gratifie de gâteau, café et jus de fruits. Comme le matin, la dernière séance d’écriture portera sur des textes élaborés à base de « Il y a ». Et puis nous faisons le tour du quartier à la recherche d’un endroit bucolique pour une photo de groupe. Il fait très beau. Djamila salue tout le monde et semble très populaire ici : j’apprendrai qu’elle a été élue conseillère départementale la semaine précédente. Sa modestie avait caché son engagement au bénéfice des autres.

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