Rimbaud, encore

17 octobre 2025

Onze ans que je n’avais pas fait de reportage spécifique sur Rimbaud.
Je n’ai pas eu l’opportunité ces dernières années d’aller sur ses terres, ou juste en coup de vent, pour un petit passage sans m’arrêter vers la ferme de Roches (lieu mythique d’Une saison en enfer), ou pour une journée passée à la médiathèque Ronde-Couture à Charleville, à l’occasion du Festival de l’écrit, dans un quartier périphérique entouré d’immeubles. Cette année, le Festival m’emmène à la médiathèque du centre-ville, à deux pas de la place Ducale et du musée d’Arthur, près des rives de la Meuse ou sur les trottoirs qu’il arpentait : je pense à Rimbaud, encore.

Je vais saluer sa tombe et je repense évidement à mon roman Ils désertent, à mon héros, vieux VRP, fanatique du poète, et qui ne passe jamais par Charleville sans faire la même chose, mais, grâce à l’adaptation cinéma sous le titre L’homme debout, c’est une scène fameuse qui s’y substitue, où Jacques Gamblin explique sa lubie à Zita Hanrot : « Et vous ? Vous me prenez aussi pour un zinzin ? ».

Donc, Rimbaud est ici allongé pour l’éternité, mais hélas, sa tombe, jusque-là ignorée et proprette, fait l’objet d’un culte : on se croirait maintenant au cimetière Montparnasse sur le caveau de Serge Gainsbourg. Pour sûr, le poète aux semelles de vent n’aurait pas aimé cette débauche de colifichets. On ne voit même plus l'inscription qui concerne sa mère ("Ici repose aussi Mme Rimbaud, née Vitalie Cuif").

Allons ! juste retour de notoriété pour l’enfant terrible des Ardennes, la médiathèque s’appelle Voyelles et la péniche amarrée à côté de son musée La bohème. Il est désormais mis à toutes les sauces jusqu’au houblon de la Cuvée d’Arthur.