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1937
Paris - Guernica Maren Sell éditions
Sortie le 1° Mars 2007...
C'est est un roman ! s'exclame la sage femme. Le titre, déclaré à
l'état-civil, sonne comme la course cycliste Paris-Roubaix et je suis fier de cette
dénomination populaire, bien en rapport avec le sujet du livre.
Le meilleur moyen d'en savoir plus sera de retourner l'un des exemplaires qui s'érigeront
partout en piles gigantesques et en têtes de gondole pour y consulter la quatrième de couverture.
Cette page lui est donc destinée, sorte d'album-photo, afin d'en savoir un peu
plus sur les Circonstances de l'accouchement
et y ajouter réactions, critiques, premières timbales, hochets et nain-nains qui,
j'espère, ne manqueront pas. J'en profite pour rajouter ci
dessous et quelques
planches de "l'Album officiel" et extraits du livre en rapport...
Critiques, réactions presse :
En premier bien sûr, l'article de
Remue.net par Ronald Klapka, très réactif, du 28 février 2007.
Une interview
de Frédéric Thore, du Journal de la Haute-Marne, dimanche 25 mars 2007.
Le Matricule
des anges, avril 2007, article de Benoît Legemble
LEst
Républicain, le Journal de la Haute-Marne, dimanche 15 avril, Article de Michel VAGNER
Article
de Gil MELISON-LEPAGE La Croix de la Haute-Marne, 20 avril 2007
Article_d'Isabelle_Bordes,_Ouest_France,_10_juin_2007_
Article_de_M_Cordier,_LEcho_des_Vosges,_15_juin2007
Sylvie_Thieblemont,_Libraire,_Librairie_Alinéas_de_Langres,_le_23_août_2007
Article_de_La_Croix_de_la_Haute-Marne,_10_Août_2007,__
Circonstances
C'est une drôle d'histoire que ce roman, si tant est que tous
les livres ont une histoire particulière. Ce devait être en 2003 sans doute, je crois me
souvenir que j'étais dans l'attente de la parution de PPPP. J'étais
à Langres, sur mes terres natales, chez mes amis et cousins Hervé et Myriam - et qu'ils
en soient à jamais remerciés...-, grands amateurs de brocante, vieux papiers, postes de
TSF et diversités rocambolesques. Hervé me présenta sa dernière acquisition, un
catalogue intitulé Album Officiel de l'Exposition internationale des Arts et des
Techniques appliqués à la vie moderne, Paris 1937. Je n'y connaissais rien,
j'étais comme Rimbaud "insoucieux de tous les équipages, porteurs de blé
flamand ou de coton anglais", bref, je n'entendais pas grand chose aux
expositions universelles, à part les plus célèbres, celle de 1889 avec la Tour Eiffel,
celle de 1900 ou encore l'Exposition coloniale de 1931 qu'à raconté Erik Orsenna.
Mais, immédiatement, en feuilletant le catalogue, j'ai su que j'écrirai dessus.
Etrange impression que cette certitude absolue car encore faut-il avoir matière à le
faire.
Celle-ci est venue par la suite en recherchant quelques éléments d'histoire :
1937 et le massacre de Guernica, et du même nom, la toile de Picasso, présentée
lors de cette Exposition internationale. En reprenant l'Album officiel, comme il
était alors étrange de constater la pérennité affichée de l'Allemagne et de la Russie
dans leurs démesures nationalistes, l'absence de l'espagne, la honte de Guernica passée
sous silence. Soixante-dix ans plus tard, les régimes qu'ont croyait dévolus à la
vie moderne ont disparu, Guernica est devenu symbole. Renversement total.
C'est cette tension qui a alimenté mon désir d'écrire.
Il s'est fait en deux temps : j'ai écrit un premier roman Appliqué à la vie
moderne. Est-ce pour celui-ci que j'écrivais le 14/1/2004 en Note d'écriture : "Cest reparti ? Ce serait reparti ? Restons
prudent
La semaine dernière, jexpliquais que je ne pouvais rester longtemps
en apnée, cest à dire sans écrire. Donc, cest reparti : lever tous les
jours vers 6h (plus tard les week end tout de même
) et trois-quarts dheure
décriture matinale." Toujours est-il qu'à la même époque je
commençais à me documenter sérieusement sur Picasso. Feu de paille souvent comme dans
l'écriture et ses aléas, un mois plus tard, je constatais "Plus grand chose
donc, côté écriture où le texte commencé en janvier stagne". Mais celui-ci
avance tout de même, même si j'évoque dans les Notes
de l'époque une écriture peu sûre. Il reçoit même un accueil "enthousiaste"
de la part de l'éditeur que je sollicite en juin. Je profite du temps d'attente pour
élaborer un autre projet CV roman, preuve je ne sais pas rester sans écrire. Ce
nouveau dada m'occupe tant et si bien que le refus d'Appliqué à la vie
moderne, en septembre 2005 passe auprès de moi comme une lettre à la poste "Je
nai pas pris cette nouvelle comme une désillusion. Aucune contrariété, ni
déplaisir, au contraire... " disais-je le 28/09/2005.
Voilà, fin d'Appliqués à la vie moderne, exit la préhistoire de
1937 Paris - Guernica...
Le deuxième temps d'écriture est très rapide. L'éditrice qui s'était
"enthousiasmée" pour le premier jet revient aux nouvelles début 2006. Non, je
n'ai pas repris le manuscrit. Nous convenons néanmoins d'un rendez-vous avec Maren Sell
et toutes les réticences, tous les points de blocage que je sentais confusément en 2004
s'éclaircissent. Oui, l'enthousiasme... Je reprends donc une nouvelle version qui n'a
plus rien à voir avec Appliqués à la vie moderne, je m'y attelle
symboliquement à partir du 26 avril, date anniversaire de Guernica et je le termine deux
mois et demi plus tard...
Un blog retrace cette nouvelle écriture : essai1937.blogspot.com
la quatrième de couverture.
"1937, cest une année qui ne dit rien, a priori. Le
Front populaire a un autre millésime, et la Seconde Guerre mondiale vient peu après.
Pourtant, 1937, cest lExposition internationale de Paris. Cest aussi
Guernica et ses mille bombes incendiaires lâchées sur la petite ville dEspagne. Et
Guernica, cest également une toile, celle que Picasso bâtit, quai des
Grands-Augustins, à Paris, pour la présenter au pavillon des républicains espagnols de
lExposition internationale.
Lauteur raconte ici le roman de 1937, en partant du catalogue officiel de
cette " Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie
moderne ". Sy succèdent les clichés en quadrichromie des différents
pavillons que le concert des nations de lépoque a posé sur les bords de la Seine.
Cartes postales lisses, irréelles et trompeuses au regard des cris et convulsions en noir
et blanc de Guernica. Nous suivons le photographe chargé de confectionner le
catalogue, procédant à la fabrique de ce réel moderne, perfectionné, et, en
contrepoint, à travers le regard photographique de Dora Maar, nous assistons au travail
de Picasso.
Deux regards, deux visions, dont la coexistence historique nous rappelle à quel
point linsouciance, la légèreté, lillusion du progrès, peuvent être
tragiquement contemporains de la barbarie en marche. Un rappel à la vigilance."
quelques planches de "l'Album officiel"
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" De linauguration, le photographe a fixé la première planche de
lalbum. Elle sintitule Fontaines du Trocadéro Fountains of the
Trocadero Brunnem am Trocadero. Architectes : Expert Maître
Thiers. En haut, la mention Exposition Internationale Arts et techniques
Paris 1937 se répercute à chaque page. Les fontaines sont visibles en bas et à gauche
de la photographie. On voit nettement les bouches, sorte de petits canons doù
séchappe leau, en jets blancs et puissants, en somptueux arcs de cercle qui
viennent sémousser très loin.../... La foule est partout. Laffluence fait
tache, cest une unité liquide qui coule sous la Tour Eiffel, se répand sur le
pont, puis la masse noire se distend, se sépare, entoure les jardins, ce sont maintenant
des silhouettes que lon devine admiratives devant la profusion de jets deau."
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"Cest un endroit charmant. Sept
arbres surprennent au centre dun petit parc, ce sont des représentations stylisées
de jeunes peupliers peut-être, tous identiques, semblables à des bâtonnets de crème glacée. Trois parasols, dont deux à
motifs écossais brun, rouge et blanc, un autre vert uniforme déploient leurs corolles
parmi un petit village de carton avec église, quelques maisons, des allées de graviers
rose, un petit pont au-dessus dun bassin en lignes courbes, un tourniquet au premier
plan. Seul un bâtiment blanc, cubique, largement ouvert sur le décor échappe à
laspect enfantin et semble avoir été tiré sous les frondaisons qui couvrent
larrière-plan. Masse sombre de feuillage, quelques grands arbres, dont les fûts
senfoncent au-delà dallées rectilignes où flânent quelques promeneurs.
Maria porte un chapeau blanc et regarde vers le village de petits jouets.
Doù elle est placée, il est possible quelle ne puisse pas remarquer les
enfants, deux debout, deux assis dans lherbe, tous à lombre dune
maisonnette jaune à toit rouge, en bordure du chemin. Sans doute, nentend-elle que
leurs cris, leurs rires inévitables perçant de temps en temps le probable et continu
bruissement des oiseaux. Un petit cheval de bois à roulettes, délaissé des jeux, prend
lombre dun parasol. A lautre extrémité, un tourniquet est désert et
semble attendre une nuée de bambins, joyeuse et volatile. "
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"... trois personnages savancent brutalement au premier plan du
pavillon de lEgypte (Egypt, Architecte : Lardat) : deux hommes en bas du
trottoir, lun en forme de X, surpris dans une marche rapide, lautre, caché à
mi-corps par une fillette en robe blanche, juste devant lui, se retournant vers
lui.../... Cest ce que lon pourra voir sur la cinquième planche de
lalbum, format 30 x 21 cm, ainsi quun temple à colonnade couleur vieux rose,
un assemblage de pierres blanches, un péristyle à chapeaux dorés, un alignement de
chaises turquoise, des arbres bruns aux troncs penchés, des drapeaux, celui de la France,
coincé en haut à droite, incomplet (on ne distingue que le rouge et le blanc) et un
autre, de couleur verte, également coupé par le bord supérieur du cliché."
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"Elle pourrait sappeler Dolorès, celle qui passe juste devant le
bâtiment fixé sur la dixième planche du catalogue (Luxembourg, Luxemburg
Architectes : Schmitt Noesen Collaborateur français : Japy).
Elle se promène dans le quart inférieur droit de la photo (en hauteur), accrochée au
bras dun homme, suivant tous deux la ligne des arbres qui bordent lallée.
On distingue sur la façade de couleur claire, ocre en haut, gris pâle au-dessus
de lentrée, des reliefs, des arcades, des ponts, peut-être une allégorie à la
modernité et au savoir-faire. A la jonction de locre et du gris, sur un petit
décrochement se dressent des lettres dorées : GRAND DU (interruption par le
tronc dun arbre) UXEMBOURG. Deux arbres sont placés dans le prolongement de
lallée qui borde le pavillon, leurs troncs noirs sélancent, rayent la
totalité de limage par dépais traits verticaux. Sur la partie droite, un
feuillage dense couvre le fond, des parasols rouge souvrent en corolles, quelques
personnages debouts se penchent légerement vers dautres assis sous les toiles pour
des conversations anodines. Larrière plan est un peu sombre, élevé par le ciel
bleu, le reflet léger dun unique nuage qui semble par distraction se diriger vers
le drapeau tranquille, juché en haut du bâtiment. Dolorès et lhomme
sacheminent à travers la large allée qui se précise au premier plan en carrés de
lumière, dans la granularité du gravier. Un escalier blanc qui bifurque soudainement à
gauche heurte sa cinquième marche au bord de limage. Un haut-parleur est juché sur
lun des troncs qui rayent la photographie. Ils avancent, tranquille. On imagine la
musique lente et suave des après-midi, Jean Sablon, Mireille, Edith Piaf."
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Critiques, réactions presse :
Article de Remue.net
par Ronald Klapka :
le roman de 1937 au regard de lExposition internationale de Paris et du Guernica
de Picasso
Léditrice, Maren Sell, indique sobrement : " Le récit se partage entre
la brochure de 1937 de " lExposition internationale des arts et techniques
appliqués à la vie moderne " (Paris) , en suivant le photographe chargé den
confectionner le catalogue, et un autre regard photographique, celui de Dora Maar,
immortalisant le travail de Picasso, à latelier du quai des Grands-Augustins :
Guernica. "
Lauteur, Thierry Beinstingel, révèle : " Cest une drôle
dhistoire que ce roman, si tant est que tous les livres ont une histoire
particulière. Ce devait être en 2003 [...] jétais à Langres, sur mes terres
natales, chez mes amis et cousins Hervé et Myriam grands amateurs de brocante, vieux
papiers, [...]. Hervé me présenta sa dernière acquisition, un catalogue intitulé Album
Officiel de lExposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la
vie moderne, Paris 1937.
Immédiatement, en feuilletant le catalogue, jai su que jécrirai dessus.
Etrange impression que cette certitude absolue car encore faut-il avoir matière à le
faire.
Celle-ci est venue par la suite en recherchant quelques éléments dhistoire : 1937
et le massacre de Guernica, et du même nom, la toile de Picasso, présentée lors de
cette Exposition internationale. En reprenant lAlbum officiel, comme il était alors
étrange de constater la pérennité affichée de lAllemagne et de la Russie dans
leurs démesures nationalistes, labsence de lEspagne, la honte de Guernica
passée sous silence. Soixante-dix ans plus tard, les régimes quont croyait
dévolus à la vie moderne ont disparu, Guernica est devenu symbole. "
Pour tout connaître sur la genèse de ce roman, lauteur revendique
lappellation, parcourir la presque trentaine de feuillets du blog ouvert à cet
effet, et quelques unes des notes décriture "exposant le travail littéraire
à la vue de tous". Cest en effet ainsi, avec constance, que procède depuis
des années Thierry Beinstingel.
Je crois sentir à la lecture de louvrage combien il a pu être passionnant de
relever le défi de faire dune année dapparence atone au regard de la Grande
Histoire, la matière dune réflexion vive sur ces "arts et techniques
appliqués à la vie moderne". La dimension "daffairement" y est
très prégnante, pour le commissaire de lexposition : tenir les délais (1936 a
changé la donne dans le monde du travail), pour les "grandes puissances"
signifier leur force [1] pour Picasso projeter dans la toile toute son énergie et sa
révolte dans le tableau destiné au pavillon dEspagne, pour Dora Maar saisir le
génie en acte. A cet égard lincipit donne le ton du livre : printemps 1937, un
marché, des femmes : Maria, Dolorès, Clara et Lucia dont les noms chanteront désormais
tragiquement, le Heinkel 111 et ses deux fois douze cylindres en V inversé qui larguera
mécaniquement ses bombes incendiaires sur une petite ville dEspagne : Guernica. Ici
" progrès " [2] et barbarie, forment un alliage, dont on connaît encore
hélas, lactualité. La narration est efficace alternant de courts chapitres, des
phrases sans fioritures, un sens du croquis et de lallusion (Doisneau pas loin). En
voici un exemple, chapitre 41 (pp. 123-124), tout y est :
"Retour à Paris. Elle aurait aimé quelque chose de nouveau mais rien. Les
mêmes rues déclinent les mêmes ombres un peu plus appesanties de poussière. Les
feuillages virent au brun sale, lagitation des rues est toujours aussi remuante.
Passants à la démarche nerveuse, automobilistes pressés, les éternels bouquinistes
montrent autant de placide indifférence quavant son départ. Rien de changé pour
lui non plus, il travaille toujours et toujours. Il naura pas changé son rythme,
même en vacances. Infatigable, inusable, inoxydable en accord avec la vie moderne,
pourrait-on dire. Des années plus tard, quelquun appréciera sa ressemblance avec
un lapin. Même " oeil diamant de charbon ", sans cesse en mouvement, en
permanence empressé, zélé, attentif, vigilant. Et insaisissable, sautillant avec cela :
jamais où on lattend. Lumières de Provence : il peint là-bas des arlésiennes
infiniment bariolées. Ombres retrouvées de Paris, il reprendra la même vivacité de ton
pour des visages à nouveau baignés de larmes comme avant leur départ. Multitudes de
Maria, des Dolorès par dizaines, des kyrielles de Clara, des litanies de Lucia, comment
peut-on les oublier ? Comment faire semblant dignorer la vaste marche à la guerre
qui enserre les pays ? Et feindre deffacer laigle des légions Condor,
larrogance italienne, toutes ces promiscuités, proximités, voisinages dangereux
qui saccommodent pourtant le temps dune Exposition internationale."
Quant à la clausule, elle donne bien sûr à penser :
"On construit donc la vitre pare-balles pour le musée de Madrid. Ce quil y
a à protéger est dune valeur inestimable et le coût dun tel dispositif de
protection semble bien peu au regard de la fresque de vingt-sept mètres carrés. Le vieux
Maître avait toujours refusé le voyage du tableau en Espagne tant que la République ne
serait pas rétablie. Cest chose faite. Dans le musée, les visiteurs passent,
visages tranquilles, impassibles, protégés de la sauvagerie de la fresque par la vitre,
protégés deux-mêmes. On passe, appliqué à sa vie moderne, insouciant comme en
1937."
" Romancier, ou écrivain, ce pourrait être des métiers qui ouvrent des sas,
des activités étranges de plongeur ou de scaphandrier, Jules Verne et vingt-mille mots
à remonter sous les mers étranges de nos têtes. "
Thierry Beinstingel décrit ainsi son travail (feuillet 8) dans Essai 1937, travail en cours, la plongée
quil nous invite à faire, ne comporte pas moins de vigilance dans la mise en forme
, en écriture, comme le révèle plus particulièrement le feuillet 27. Que lestime
dans laquelle il tient son lecteur lui soit rendue au centuple !
Ronald Klapka - 28 février 2007
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[1] cf. Les pavillons dAllemagne et dURSS figurant sur le montage en
illustration
[2] Celui-ci nest pas nécessairement décrié. Une très belle page dans
latelier du quai des Grands-Augustins- p 58 - dit aussi le merveilleux des arts et
des techniques appliqués à la vie moderne
Sur son site, l' article de Remue.net
interview
de Frédéric Thore, du Journal de la Haute-Marne, dimanche 25 mars 2007
Paris - Guernica : artistique fiction
Et de cinq. Le dernier roman de Thierry Beinstingel vient de sortir
au début du mois aux éditions Maren Sell. Rencontre avec l'auteur qui sonde l'art et
l'histoire pour mieux mettre en perspective les temps présents.
Frédéric Thore, JHM : comment est venue l'idée du livre ?
Thierry Beinstingel : Le point de départ, c'est le catalogue de l'exposition
universelle de 1937. Quand je l'ai feuilleté, j'ai su qu'il fallait que j'en fasse
quelque chose. C'est un catalogue architectural qui présente des photos des monuments de
l'exposition en quadrichromie, ce qui est exceptionnel pour l'époque. Et puis le titre
m'a interpellé : "exposition internationale des arts et des techniques appliqués à
la vie moderne". Je trouvais ça extraordinaire. Je me suis aperçu, dans le même
temps, que 1937 était aussi l'année où Picasso a peint sa célèbre toile
"Guernica". Et qu'il l'avait présentée à l'exposition. J'avais d'un côté un
catalogue en couleur, qui encensait la modernité, où tout ou presque a disparu
aujourd'hui, et de l'autre, une toile en noir et blanc, qui n'y est pas présentée, mais
qui est devenue légendaire. Cette différence pose la question du poids de l'histoire et
de la manière dont on ressent les évenements quand on les vit. A l'époque, peu de gens
voyaient ce qui allait se passer quelques années plus tard, il y avait une certaine
insousciance, une soif de distraction. Le seul qui était clairvoyant, c'était Picasso.
JHM : Quel est le moteur de votre histoire ?
TB : L'expo a été inaugurée fin mai. Mais il y avait beaucoup de retard. Le
pavillon espagnol a été terminé que fin juillet. Le livre raconte le parcours du
photographe du catalogue qui devait aller vite pour le terminer pour l'inauguration, et
celuis de Picasso qui devait se presser pour terminer la toile à temps, à travers les
yeux de sa muse photographe, Dora Maar. C'est l'histoire de deux courses.
JHM : Comment avez-vous tiré parti du tableau dans votre roman ?
TB : Je n'ai pas voulu entrer dans la symbolique du tableau. Mais plutôt poser
la question : est-ce qu'on a tiré les leçons historiques de Guernica ? Je suis persuadé
que non. Aujourd'hui, l'année 1937 ne dit rien à personne. Pourtant on peut faire le
parallèle avec l'actualité aujourd'hui : la montée des extremismes, le
désintéressement pour l'international par exemple. J'ai l'impression qu'on pourait être
aujourd'hui dans un même enchaînement de l'histoire. C'est inquiétant. C'est aussi ça
que j'ai voulu montrer : un rappel à la vigilance.
Le
Matricule des anges, avril 2007, article de Benoît Legemble
Art chaotique
Thierry Beinstingel mène depuis des années un travail expérimental sur le
réel. Ses précédents romans s'interrogeaient sur le monde de l'entreprise et la place
de l'individu dans la structure sociale. Et son dernier livre ne déroge pas à la règle.
L'oeuvre en question, c'est 1937 Paris- Guernica, roman à la croisée
des genres racontant l'Exposition internationale qui setint dans la capitale française.
Beinstingel prend l'année 1937 comme tournant du siècle : c'était le temps où le
Frontpopulaire aspirait à changer le monde, non sans donner des signes de son propre
essoufflement. C'était l'époque nauséabonde où I'art était à la solde de l'État,
où Speer signait les monuments officiels du Reichstag et le réalisme s'insinuait comme
une nécessité décrétée par les instances nazies et bolcheviques afin de lutter
contre " I'art dégénéré ". Vue depuis l'angle de la composition du
catalogue qui regroupe les pavillons des différents pays, voici l'histoire d'un lieu
éphémère concentrant tous les symboles d'une agonie, alors que Picasso est en train
d'achever l'une de ses plus grandes toiles, Guernica. Beinstingel place les deux
villes en vis-à-vis, dans un frontispice sublime qui stigmatise la décadence parisienne.
Affleure alors la question du rôle de I'art au regard de la catastrophe - celle déjà
posée par Holderlin dans Pain et Vin lorsqu'il s'exclame :
À quoi bon des poètes en temps de crise ?
L'oeuvre de Picasso s'impose comme une évidence : tandis que le vieux Maître avait
toujours refusé le voyage du tableau en Espagne tant que la République ne seralt pas
rétablie, le musée semble dépourvu de toute conscience historique. Hors du temps, les
visiteurs passent, visages tranquilles, impassibles, protégés de la sauvagerie de la
fresque par la vitre, protégés d'eux-mêmes. On passe, appliquéà sa vie
moderne, insouciant comme en 1937.
LEst
Républicain, le Journal de la Haute-Marne, dimanche 15 avril, Article de Michel VAGNER
L'année de Guernica
II y a 70 ans, mille bombes étaient larguées au-dessus du village basque. Un massacre
qui a bouleversé Picasso.
Un petit point marqué d'une croix, sur une carte que consulte dans son cockpit un
pilote de 20 ans, bardé de cuir. La Légion Condor s'apprête à bombarder un village
basque, un jour de marché. On est le 26 avril 1937 au dessus de Guernica.
Dans son atelier parisien, Pablo Picasso cloue sur un châssis une toile immense,
une " voile de bateau " où, avec des dégradés de gris, il va peindre ce
tournant de l'Histoire, le massacre voulu par Hitler avec la complicité de Franco, d'une
population civile, un jour de marché.
Une femme, à ses côtés, Dora Maar, photographie le chef-d'ceuvre en train de se
faire.
Un photographe, encore, un homme cette fois, mitraille, pour les besoins d'un
catalogue, les pavillons de I'Exposition internationale des arts et des techniques
appliqués à la vie moderne qui se tient, ce même printemps 1937, sous les pieds de la
tour Eiffel. L'aigle nazi, doré, voisine avec la statue de bronze d'un couple, une
faucille et un marteau au bout de leurs bras tendus vers le ciel.
" 1937 : la barbarie en marche ", écrit Thierry Beinstingel. Le Haut-Marnais,
auteur de trois romans (" Central ", Composants ", prix Wepler en 2002,
Paysage et portrait en pied-de-poule "), s'est intéressé par hasard à cette année
charnière, en feuilletant, chez des amis qui l'avaient acheté dans une brocante, l'album
officiel de l'Exposition parisienne : Immédiatement, j'ai su que j'écrirai dessus
", confie-t-il dans son blog. " étrange impression que cette certitude absolue
car encore faut-il avoir matière à le faire". Cette matière, il ne tarde pas à la
trouver après de rapides recherches Le gigantesque " Guernica ", transporté
sur la Seine de l'atelier de Picasso quai des Grands Augustins au Trocadéro, a été
accroché dans le pavillon des républicains espagnols, lequel ne figure pas dans
le catalogue : " Personne ne s'en soucie ", note-t-il. Picasso, pour
I'Allemagne, est un " artiste dégénéré ". En France, il suscite
l'étonnement : " C'est ça, l'art moderne ? " Thierry Beinstingel souligne le
paradoxe : les " démesures et nationalistes " de Moscou et de Berlin
s'affichent sans vergogne. Le tableau est passé sous silence. Avec son livre, il lui
redonne corps, à travers les quatre femmes qui y sont dessinées, près d'un cheval
blessé et d'un taureau : Maria, Dolorès, Clara et Lucia. Etait-ce leurs prénoms ? Peu
importe. Elles sont des victimes, symboles de toutes les victimes de toutes les guerres
passées et à venir : " A croire ", affirme le romancier, "que la toile
n'aurait servi à rien. Les hommes n'en font qu'à leur tête ". Soixante-dix ans
après, "Guernica " s'admire à Madrid, après un long séjour new-yorkais, pour
respecter les volontés de Picasso qui avait mis comme préalable à un accrochage en
Espagne le retour de la démocratie. Le génie, en noir et blanc, a définitivement vaincu
l'art officiel en couleurs des dictatures.
Article
de Gil MELISON-LEPAGE La Croix de la Haute-Marne, 20 avril 2007
Thierry Beinstingel, écrivain catalogué
Thierry Beinstingel serait-il en passe de devenir le
spécialiste des catalogues et albums ? Si un catalogue récupéré dans une usine
fut le ferment de son ouvrage " Composants ", paru en 2002 aux
éditions Fayard ; avec " 1937 Paris-Guernica " sorti
aujourdhui chez Maren Sell Editions, cest lexploration du catalogue
officiel de " Exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à
la vie moderne " qui sert de prétexte au roman. Mais tout comme dans ces
précédentes uvres, le fourmillement du monde ouvrier, labsurdité dune
société en perpétuelle transmutation, la décomposition dune époque, sont
magistralement mis en exergue. Le rythme rapide de lécriture imposé par cette
folie bâtir très rapidement une ville entière emporte le lecteur dans un
véritable tourbillon. Cependant le goût du détail, si cher à lauteur, se
retrouve page après page
Les personnages, anonymes ou connus, imaginaires ou réels, se croisent, vont et
viennent, signorent, sinterrogent, lespace dune saison. Les
chantiers de lexposition de 1937 ont pris beaucoup de retard, en partie à cause des
grèves de 1936, mais également à cause des inondations qui ont submergé la capitale au
printemps. La construction de ces bâtiments éphémères se fait en hâte. Béton, verre,
acier jettent aux cieux leur immensité provocante. Les travaux continuent daller
bon train, bien après linauguration du premier pavillon. Le photographe qui " réalise
pour la première fois, un reportage de photographies
" instantanées ", en couleurs naturelles et reproduites en
quadrichromie " doit instrumenter au milieu de la foule des ouvriers, puis
des promeneurs. Pas de temps de pause. Il pose son grand trépied et hop ! saisit le
moment. Limprimeur imprime dans la fièvre les milliers dexemplaires qui
seront vendus aux curieux.
Guernica, noir et blanc
Et puis il y a, en contrepoint comme écrit lauteur le regard
photographique, en noir et blanc, de Dora Maar qui fixe sur la pellicule, au jour le jour,
image après image, le travail du Maître. Muse, égérie, maîtresse de ce dernier, elle
assiste au travail de celui-ci. Dans lappartement du quai des Grands-Augustins,
Picasso édifie, dans la fièvre également, en quelques semaines, une de ses uvres
magistrales, commandée par les républicains pour saccrocher aux cimaises du
pavillon espagnol. Pavillon qui, curieusement, ne figure pas dans le catalogue officiel.
Oubli volontaire ? Involontaire ? Manque de temps ? Veut-on ignorer
lhorreur ? " Guernica ", limmense tableau aux
tonalités angoissées, dérange, scande la barbarie en marche.
Mais, comme la souligné Thierry Beinstingel, alors que le public le
rejoignait à la Librairie Larcelet pour une soirée déchanges " 70
ans après, que reste-t-il de ce catalogue ? Quelle leçon a-t-on tirée de cette
époque ? " Et chacun de feuilleter le fameux catalogue, images
populistes aux couleurs surréalistes. Et chacun découter les anecdotes de cet
auteur qui avoue voyager dès quil ouvre un album ou un catalogue.
Article d'Isabelle Bordes, Ouest France, 10 juin 2007
Premier chapitre, griserie dun pilote des années trente, qui
sapprête à voler dans le ciel radieux dun printemps espagnol. Dun mot semé
ici, dun autre là, un crescendo imperceptible fait sourdre langoisse. Les
bombes sabattent sur Guernica. Chapitre deux, on est à Paris dans leuphorie de
lexposition universelle. La foule baguenaude, sextasie avec candeur devant la
grandiloquence des immeubles allemand, russe
Chapitre trois, Picasso dans son
atelier parisien. Il se jette sur ses pinceaux, tout à lurgence de peindre les
visages stupéfiés, le monde explosé, la guerre. Guernica, le chef duvre,
finira à lexposition. Stupéfiant les uns, laissant les autres indifférents.
Construit comme une ronde, le livre va de linsouciance à la terreur avec une
subtilité telle quon ressent avec malaise le mouvement du monde, si prompt à
basculer.
Article de M Cordier, LEcho des Vosges, 15 juin2007
Oublier la guerre ? 1937 Paris-Guernica
Thierry Beinstingel né, en 1958 à Langres, célèbre à sa manière le 70e
anniversaire de l'Exposition Internationale de Paris et de la fresque de Picasso
(vingt sept mètres carrés). La ville espagnole de Guernica fut détruite par
l'aviation allemande, au service des franquistes, durant la guerre civile.
Maria, Dolorès, Lucia, Clara ... Leitmotiv et répétition de la seconde guerre
mondiale. Pendant ce temps, à Paris, se dressent fièrement les édifices du
réalisme national-socialisme et bolchevique. Hitler et Staline sont en marche.
Avec beaucoup de subtilité, l'auteur confronte deux regards sur l'art et la
politique ; et il nous met en garde : « Appliqué à sa vie moderne", on oublie,
même quand la sauvagerie, la barbarie est en embuscade. Attention !
Sylvie Thieblemont, Libraire, Librairie Alinéas de Langres, le 23 août 2007
De toute façon, je ne suis pas encore
bien remise de Paris-Guernica, ça va rester parmi mes émotions de lecture
(qui se faisaient rares ces derniers temps)Votre façon décrire est vraiment
bizarre : pas de péripéties, des ambiances, des couleurs, des sons, des
apartés, des flash-back
On se laisse emporté par un flot qui na rien de
tumultueux, plutôt un fleuve tranquille et quand on arrive au bout du livre,
on se dit : Oh zut, cest déjà fini, pourquoi ny a-t-il pas plus de pages ?
La croisière sur le fleuve est terminée, il faut descendre du bateau à
regret mais il reste en mémoire toutes ces images, toutes ces impressions
accumulées au fil des pages et qui reviennent en mémoire à maintes
occasions.
Article de La
Croix de la Haute-Marne, 10 Août 2007
Thierry Beinstingel,
écrivain haut-marnais, a publié ce printemps un nouveau roman 1937
Paris Guernica paru chez Maren Sell éditeurs.
En 1937 a eu lieu l'Exposition internationale de Paris. A cette occasion, une
brochure a été publiée, catalogue des photos des pavillons des différents pays
présentés. En quadrichromie, elle se présente comme ce qui se fait de mieux en
matière de reproduction photographique pour témoigner de cette modernité toute
nouvelle qu'exalte le concert des nations de l'époque. Quelques mois avant
l'inauguration, des bombes ont été larguées sur Guernica, faisant de cette ville
d'Espagne le douloureux symbole d'une Europe en proie à des démons qui vont la
ravager. Le récit se partage entre la brochure de 1937 de l'Exposition
Internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne", en
suivant le photographe chargé de confectionner le catalogue, et un autre regard
photographique, celui de Dora Maar, immortalisant le travail de Picasso à
l'atelier du quai des Grands Augustins. Dans le secret de cet atelier, s'élabore
une toile dont l'esthétique vient comme cracher sur les couleurs fausses du
catalogue. Guernica, face aux édifices du réalisme national-socialiste,
prototype de l'art nazi, et ceux du réalisme bolchevique, prototypes de l'art
stalinien, présents à l'expo. Deux regards que le récit confronte pour faire
toucher du doigt les relations complexes de l'art et du politique. Cette sorte
de montage parallèle du récit est comme le film de notre modernité, de nos
"techniques appliquées à la vie moderne." |