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Étonnements 2015
J'ai trouvé ! Je me demandais ce que voulait bien dire le sigle "COP" dans COP 21 : et bien c'est CRS Ou Policiers. La manif de la République (interdite pour cause de COP21) a dérapé. Les fleurs et bougies amassées au pied de la statue pour commémorer les attentats ont été piétinées. Hollande s'en offusque : "Nous savions qu'il y avait des éléments perturbateurs". Les voilà : ils s'appellent COP,CRS ou policiers, qui foulent ostensiblement (ou avec un signe ostentatoire ? je ne sais plus...) le petit parterre sacré. Mais la photo est probablement truquée, n'est-ce pas, puisqu'une journaliste du Figaro affirme que les manifestants ne respectaient rien : "Certains se sont même saisi des bouquets et les ont brandi face à la police". Alors voilà un autre cliché, plus célèbre celui-ci, pris en 1967 lors d'une manif contre la guerre du Vietnam.
Je n'aurais
jamais cru que l'on puisse revivre une telle négation de notre démocratie, allant
jusqu'à interdire tout geste pacifique. Comme quoi, il ne faut jurer de rien. Vous
n'êtes pas convaincu ? Allez voir, les sites d'information extérieurs à la France,
admirer la pitoyable image que nous donnons, peuple français prêt à abandonner un, deux
ou dix ans de toute liberté pour deux minutes de plus d'une improbable sécurité. Allez
regarder aussi le Huffington Post ou la nausée de Korben : sur ce dernier lien, regardez bien jusqu'au
bout la vidéo de la manifestation place de la République et dites-moi qui étaient les
pacifistes.
Parce que
nous sommes en guerre, à ce qu'il parait, parce qu'il n'y a plus qu'une parole unique
autour de ce vocable, parce que les médias et Internet s'engouffrent dans cette brèche,
parce que l'histoire est jalonnée de ces élans patriotiques stériles, j'oppose à cette
ligne Maginot qui coince notre pensée le mot paix. (19/11/2015)
Cette fois,
nous sommes les deux pieds en automne. Je nai pas vu le temps passer depuis
lété. Sicile puis retour, puis château et objets du bonheur (voir en webcam),
bref, à peine le temps de remonter la grande botte italienne, de traverser le Jura, de
retrouver la Champagne, de passer dun paysage à lautre, provinces aboutées,
le temps tout de même daccueillir deux étudiants en histoire qui planchaient sur
un colloque dans ma ville concernant lAustrasie au moyen-âge, le temps de me rendre
compte de labsence de champignons dans les forêts trop sèches, nous avons glissé
imperceptiblement vers septembre, et même traversé le mois : bonjour octobre.
Cest
traditionnel. Même si août sattarde encore, cette période, où lété
fraîchit un peu, provoque un air de rentrée. Cette année ny échappe pas et
septembre profile déjà quelques rendez-vous couleur dautomne. On ny pense
pas encore. Dautant plus que la météo nous a gâté et les plages de sable du lac
proche de chez moi nous accueillent avant autant dardeur quau début de
lété. Je suis ainsi parti en Sicile en ayant eu limpression de ne pas
quitter mon maillot de bain. Je suis revenu dans la sérénité un peu fébrile qui
accompagne cet air de rentrée. Pourtant, la radio propose encore des grilles dété
et plusieurs émissions sur Simone de Beauvoir mont fait flâner pour rejoindre mon
lieu de travail. Jai aussi eu la joie dentendre François Bon évoquer
Lovecraft sur cette même radio, et ça ma rappelé cet été où je ne loupais
aucun des rendez-vous quil proposait pour les Rolling Stones. Ça date
dau-moins douze ans. En parlant de Lovecraft et combien François Bon sait
nous donner envie de le lire -, je me souviens être récemment passé à Bruxelles où
mon fils habite, et avoir aperçu les uvres de Lovecraft, quil lit dans la
langue dorigine. Cest toujours étonnant. Parents, nous avons toujours peur
que nos enfants ne sy mettent pas, et puis un jour, on saperçoit que
lun à sur sa table de chevet Baudelaire ou Lovecraft, que lautre chope un
roman en poche de F. Scott Fitzgerald avant de repartir en train. Et on discute
littérature japonaise avec eux (ma passion de cet été) ou Rimbaud (ma passion depuis
toujours). Mon épouse évoque Madame Verdurin
et Proust avec des patients et japprends ce matin que Simone de Beauvoir a assisté
à lintégrale des quatuors de Beethoven, quatuors que jévoquais au printemps
dernier avec un violoniste qui les a justement tous jouées et enregistrés. Aucune
pédanterie de ma part dévoquer Proust ou la musique classique, notre culture est
ainsi faite, de hasards qui nous font picorer dans un patrimoine riche et quil ne
faut pas forcément chercher à classer. Hier en courant, javais Tchaïkovski dans
les oreilles, en revenant tout à lheure, jécouterai peut-être Louane dans
la voiture ou je fredonnerai Alexandrie Alexandra si jécoute Nostalgie. Tout cela
constitue nos airs de rentrée.
Bilan à mi
année
cest drôle cette manie de vouloir dresser des bilans, des retours en
arrière, mesurer le chemin à intervalles réguliers. Drôle mais compréhensif, le temps
passe si vite morcelés de jours, dheures, de milliers de pensées, dactions.
On ressent rarement la fuite du temps sur le vif, assailli par le quotidien. On se
dit : Je nai pas vu la semaine passer (le mois, lannée
). Que
retenir donc de ces six premiers mois de 2015 ? La désaffection de ces mises à jour
de Feuilles de route bien sûr, 5 seulement, 4
fois moins que dhabitude. Depuis quinze ans quexiste ce site, bien avant les
blogs et facebook, cest la première fois que mes contributions diminuent aussi
durablement, jusquà présent régulières dans locéan du web. Il y a des
conséquences bien-sûr. En premier lieu, celui de perdre une sorte de mémoire des jours,
ce site me permettait de retracer ma vie en quelques coups de clic (où suis-je parti
telle année ? quelles rencontres littéraires ai-je effectuées ? quels
événements personnels ?), doù limportance de ce bilan. Vu de
lextérieur, on peut penser quil ne sest rien passé, ou que quelque
mal-être a empêché ce qui était jusque-là régulier. Rien de tout cela, plutôt une
désaffection du même type que celle que jai concernant la télévision, je
ny pense pas, je ressens même une certaine fierté à me situer dans la vie
réelle, en face à face, plutôt que par écran interposé. Cette fierté est
probablement abusive, nos smartphones, nos connexions permanentes emmêlent cette
réalité, combien de sms par jour, combien de connexions web, cest impossible de le
chiffrer tant cest devenu manière dêtre. La réalité du face à face inclut
de toute manière tous nos écrans. Reste à ne pas se faire manipuler, ou le moins
possible. Et cest sans doute pour cultiver une certaine indépendance, une
originalité que jutilise un vieux site construit avec un logiciel de vingt ans
dâge, que je ne rentre pas dans les « likes » de facebook, me refuse à
twitter, me rase au blaireau à lancienne, la liste est longue
Pour en revenir
au bilan de mi année, oui, beaucoup de choses se sont passées. En vrac : vente
(enfin) dune maison familiale avec tout ce que ça implique comme renoncement,
travail nourricier qui déborde, états dâme éditoriaux, projets qui continuent,
tout cela pour situer le cadre. Mais chacune des petites difficultés a trouvé sa
solution et cest ce quil faut retenir de ce premier semestre : résolues
les interrogations éditoriales, les projets foisonnent, prennent corps (voir un exemple
en Notes décriture Journal de la canicule) ;
labondance du boulot nourricier trouvera une solution dynamique et très
intéressante à partir de septembre, juste après une grande fête qui me tient beaucoup
à cur. Beau programme nest-ce pas ?
Autant le
dire : je suis tenté darrêter ce site. En effet, la mise à jour régulière
que jai effectué plus ou moins consciencieusement pendant 15 ans bat de
laile. Je suis ainsi taraudé par deux sentiments différents. Dun côté,
continuer, voir ce que deviendra cette accumulation de notes numériques éparses qui
traverse presque depuis le début laventure du Web. De lautre, le côté
fastidieux, lobligation qui ma tenu pendant de nombreuses années
mapparaît pesante. A quoi bon continuer alors que le plaisir est moindre ? Et
comme le veut le vieil adage « lorsquon veut tuer son chien on laccuse
de la rage », plein dautres raisons viennent alors sajouter à mes
réflexions. Arrêter ce serait en quelque sorte ne plus consacrer ce temps à ces
divagations, ce serait surtout seffacer, se tenir hors du monde. En produisant ces
rubriques dune manière régulière, jai limpression de vouloir donner
mon avis sur tout, de prendre la parole, de continuer à uvrer dans un monde virtuel
pour lequel je me sens de plus en plus lointain, bref de donner une image fausse de moi.
Mais quelle est la véritable image ? En fait, en écrivant ceci je maperçois
que la question de limage ne se pose même pas, je pèse toujours mes mots, ce que
je veux taire je le fais, et ce que je laisse entrevoir est réel. Lorsque jai conçu ce site, bien
avant que les blogs apparaissent et encore moins Facebook, je le voulais comme étant une
« Tentative dexposition du travail littéraire à la vue de tous ». Le
travail littéraire na pas cessé pour moi, et les mots qui me paraissaient
important à lépoque nont pas changé : « exposition »,
« à la vue de tous ». En réalité, je nexpose pas grand-chose dans mes
pages, et la vue de tous est restreinte à quelques afficionados qui me font signe de
temps en temps. Bref, je nai aucune raison de ne pas continuer, plus ou moins
régulièrement selon mon humeur et ma liberté. En réalité, seuls ont changé les
enjeux et les aspects des paysages dInternet qui me deviennent de plus en plus
étrangers, comme pour quelquun qui revient chez lui après une longue absence et
qui ne reconnait plus la campagne molle et paisible envahie par une ville dure et
tranchante. Alors oui, on a envie de fuir, de faire demi-tour, de sescamoter du
monde, fût-il uniquement virtuel. Pour autant, dois-je céder à une tentative de
soustraction à la vue de si peu de visiteurs ? Allez, continuons encore un peu
Coucou de
printemps, au sens propre comme au figuré. Les petites fleurs jaunes envahissent les bas-côtés au moment où me prend lenvie
dun petit signe. Je ne suis plus très constant dans mes mises à jour et jai
bien peur quil faille sen habituer. La vie réelle, quotidienne, banale et
vivante me plonge avec délices la tête sous leau. Je regarde avec de plus en plus
détrangeté la vie virtuelle et je crains fort que Feuilles de route en fasse partie. De même que
tous les ersatz qui jalonnent nos vies et quon finit par oublier car ils ne
représentent pas lessentiel des jours. Je suis maintenant à mille lieues de la
télévision, de la politique, ou de lagitation médiatique, on me parle de choses
qui méloignent, que je ne comprends plus. Internet aussi prend du champ. Je vais
moins souvent sur les sites amis, j'ai moins envie dêtre au courant. Le courant des
fleuves que je parcours est pourtant multiple : faisons linventaire depuis deux
mois, date de ma dernière mise à jour. Je suis allé au Pérou, merveilleux périple
(voir en Webcam et Carnet de voyage). Puis je suis rentré et, depuis, je travaille
darrache-pied dans le métier qui me nourrit, jai même couru 37 km un
dimanche dans la montagne de Reims. Accessoirement je prépare une grande fête familiale
pour août et jai vendu, donc déménagé, la maison de beau-père. Toute cette
agitation propose des rencontres bien réelles, des amitiés superbes, des paroles
échangées, du face à face, une implication de chaque instant : ne me cherchez plus
sur le Net, je suis dans mon décor, et mon décor se construit aussi en multiples projets
(voir en Notes décriture)
Janvier vient
de se terminer. Déjà ! Peut-on dresser un bilan, comme on le ferait pour une année
pleine alors que les vux, permis encore en janvier projettent pour lannée à
venir ? Non bien sûr, juste penser au temps qui passe, jallais écrire panser
le temps qui passe, sparadrap, attelle, béquilles des vieux jours. Même pas, pas
encore : le mois a été trépidant, mais la forme, les voyages en vrac, Ancenis,
Orléans, Lille, Reims Troyes, Paris, les projets qui saccélèrent soudain, la vie
est un élastique, tout sempile et tout se détend en même temps. La dernière
semaine a été éprouvante, le mois qui suit commence de même : lundi, je devais aller
à Lille dans une routine de travail, cest annulé pour Tours et des choses
incroyables, Lille est déplacé à jeudi. Le temps est clos, clôturé comme avec des
barbelés, on voudrait sen échapper, je voudrais men défaire, ne pas
majouter de contraintes, rester dans un espace ouvert, ne pas sortir de
lenfilade des bureaux avec un air dubitatif. Dailleurs un air dubitatif, ça
se mime comment ? Ce sera mon travail à Tours. Comprenne qui pourra à demi-mots,
temps clos et espace ouvert, ça se bouscule au portillon. Dailleurs, javais
écrit ce billet dans les premiers jours de février, le tiers est déjà passé.
La télé est
dans le cellier, sous lendroit où je range mes légumes et les pots de confiture.
Enfin, la vieille télé, qui marche encore, celle emmenée dans un verger avec groupe
électrogène pour une soirée mémorable de finale de coupe du monde de foot en 1998,
marque Toschiba, probablement 30 ans dâge, écran plat sabstenir. Elle a
été remplacée par celle de mon beau-père, lorsquon a vidé sa maison, marque
Akai, toujours pas décran plat, elle doit avoir une quinzaine dannées. On ne
peut sen servir quavec un décodeur. Chez nous, les décodeurs sont légions,
récupérés à droite ou à gauche, même la télé la plus récente, marque Saba avec
écran plat (enfin, de toute première génération comme on dit) ne fonctionne
quavec laide dun déconneur (je préfère les nommer ainsi). Bref, la
télé, cest du superflu, lorsquelle ne fonctionne pas, ce qui arrive souvent,
on léteint et on fait autre chose. Lorsquelle fonctionne, on oublie de
lallumer et on fait forcément autre chose. En ces temps où la pression médiatique
est extrême, cest plutôt salutaire, mais ça nous donne aussi limpression de
manquer singulièrement de culture. Je suis incapable de citer un acteur comique autre que
Louis de Funès, incapable de citer une émission de téléréalité ou un jeu
télévisé. Dans les animateurs, je ne reconnais que Michel Drucker, qui doit approcher
lâge de Jean Nohain dans ses dernières années. Je regarde les infos sil se
trouve que cest le moment, surpris dy voir toujours les mêmes têtes, Valls
et son air de chien battu, Hollande et sa teinture couleur aile de corbeau, je consulte
par habitude un programme que de toute façon je ne suivrai pas. Donc Charlie, oui je
souscris, non la télé ny est pour rien, je nai pas été rivé sur
lactualité, jai continué à vivre en dehors. Je raconte tout cela parce que
mes vieilles installations ménagères rendent lâme de plus en plus. Il faut que je
tape sur lantenne, souvent sans résultat, le lecteur de DVD qui me sert à faire
hurler Mozart fonctionne quand il a le temps, le ramasse-miettes électrique crachote et
le moulin à légumes refuse de réduire une carotte si elle nest pas coupée en
deux. Finalement, ma vie est un feuilleton bien plus intéressant quà la télé.
Bilans en
tous genres en ce début dannée, et donc, celui des courses simpose depuis
que je tiens une comptabilité précise de mes pérégrinations en baskets depuis 2009.
Baskets étant une façon de parler, car en 2014, jaurais utilisé la plupart du
temps dautres chaussures que celles de running traditionnel. Barefoot, minimalistes,
comme on dit dans le milieu, je préfère évoquer mes chaussures « cinq
doigts », qui épousent véritablement la forme des pieds, du talon jusquaux
orteils. Pas damorti, aucune épaisseur de semelle, le pied est en contact presque
direct avec le sol. Si les surfaces dures sont moins agréables - et encore on
shabitue très bien - elles se révèlent parfaites sur les sentiers, boueux de
préférence, avec la sensation enfantine de sauter dans les flaques deau pieds nus
et, au final, aucune douleur musculaire, dorsale ou autre, je termine mes entrainements
(généralement 15 km) avec une grande fraîcheur, prêt à recommencer. Pour moi qui ai
débuté le trail cette année, elles ont été presque idéales, avec toutefois une
limite de kilométrage : ma première compétition,
un 35 km, avait fatigué mes pieds. A la réflexion, je pense que cétait
surtout dû à un manque dhabitude de cette distance, et cette fin dannée a
été exclusivement « cinq doigts ». |