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Samedi 11 décembre 2005, Faculté des Lettres de Dijon :
Nul besoin d'un fronton arrogant (droit - lettres ? De quel droit ? Et quelles lettres capitales ? ), nul besoin des académismes d'une architecture pseudo antique, nul besoin de la rigueur laminée à la presse d'une culture de masse pour les masses,
nul besoin d'une arrière-cour de nouveaux conservatismes à la Beaubourg, mais juste substituer aux frontons l'effronté du langage,
mais juste Kafka et Beckett dessinés sur le mur d'une cafétéria déserte, mais juste s'en imprégner : "Ruines répandues confondues avec le sable gris cendre vrai refuge. Cube vrai refuge enfin quatre pans sans bruit à la renverse. Jamais ne fut que cet inchangeant l'heure qui passe. " Samuel Beckett ("Sans")
Voir aussi en Notes d'écriture,
même date. Voir pour comparer la Faculté des Lettres de Catane
en Sicile.
Dimanche 13 novembre 2005, week-end à la mer, Fort-Mahon : Retrouvailles de la mer à Fort-Mahon à l'occasion d'un week-end. Je connaissais déjà ces paysages qui s'évadent vers le Nord au delà de l'embouchure de la Somme... Quend, Fort-Mahon, petites stations balnéaires de la Côte d'Opale... Maisons proprettes dans la lumière d'automne, on pense à Vermeer, sa Vue de Delft... Quel est le vrai, quel est le faux ? Où se cache la fiction ? Et la
réalité ? La plage est presque déserte, on suit le ballet des mouettes, vient sur les lèvres la très belle chanson de Cabrel, hors saison...
On se promène. Les coquillages crissent sous les pas. La mer quand même Dimanche 6 novembre 2005, maison : Ce sont des mots posés, aimantés : mais qui a écrit "il est privé de toi" ? "mauvaise soir cuisine" ? Les mots assemblés, disjoints "maman", "ce pain" et tous les autres, ce "trop", ce "faire", s'étalent avec esthétique sur la surface blanche d'un... ... Tout ce qu'on pense garder, tous ces prospectus qui ne partent pas à
la poubelle immédiatement, s'accrochent au frigo sous des "magnets" de réclame
: conseils pour le tri sélectif, papiers important... ... bref, c'est un véritable atelier
d'écriture/lecture qui semble s'être constitué sur le frigidaire. Qui se risquera le
premier à aller proposer de telles animations jusque chez vous, dans votre cuisine ?
Quelle association de quartier ? Belle idée...
Je suis allé aux champignons : je pose avec satisfaction le vieux panier qui accompagne depuis toujours ces balades avec la souplesse de l'osier et le grincement de l'anse quand il est bien rempli. Le couteau est plus récent et la main garde longtemps l'odeur poivrée du manche en genevrier. Le soleil dore les chapeaux des bolets : belle carte postale bucolique ! De gros cèpes moussus voisinent avec des lépiotes aux lamelles blanches, "coulemelles" que l'habitude me fait choisir sans hésiter au milieu d'Amanites panthères, fortement toxiques. C'était la récolte du jour avec quelques coprins. La recette est toujours la même, la meilleure pour en réveler le goût : poèlée à l'huile d'olive avec sel, poivre, ail et persil du jardin. L'automne est une saison bénie pour ces plaisirs. On ouvre la fenêtre du
balcon, on pose le panier devant les derniers feux du soleil. Sur la maison d'en face, la
vigne vierge commence à rougeoyer. Samedi 1° octobre 2005, maison : La bonne taille, cest quand les deux pieds touchent par terre. Pas très grand, jai souvent utilisé cette boutade. La taille, laspect physique global, pourrait-on dire, est important dans le premier regard accordé à celui qui vient. Cette curiosité, on la sent dans les premières secondes, par exemple, quand je rentre pour la première fois devant 35 élèves dune classe à qui je vais parler décriture. Et les réflexions quon se fait après coup : je ne limaginais pas comme cela
Lentourage familial est diffèrent mais le rapport à la taille demeure
important : une toise se tient derrière la porte de la cuisine depuis des années.
Le petit coup de crayon et la date permet de sassurer de la croissance des enfants.
Aujourdhui, mon fils ma rattrapé : nous sommes restés quelques secondes
à nous glisser lun après lautre sous la toise et à constater la mesure
identique. Les parents attendent toujours que les enfants les rattrapent, pourquoi ?
Quelle étape cela provoque en soi ? Est-ce un rapetissement de sa propre vie ? (05/10/2005)
Samedi et dimanche 24-25 septembre 2005, maison, automne : Sensation d'automne et de brun : sous la loupe, c'est un marron "de Rimbaud" ramassé à Charleville (Etonnements du 28/09/2005), histoire de compléter celui de gauche, rabougri par toute une année passée sur le bureau. Derrière, les deux encriers sont bien utiles depuis que les cours de fac m'ont fait reprendre le stylo-plume. Devant, la loupe s'appuie sur un exemplaire de 52 écrivains de Haute-Marne, promis à un abbé familial, ancien professeur de français, philosophie et histoire.
Sensation d'automne et de mauve : c'est aussi le tapis de Cyclamens sauvages dont quelques bulbes avait été ramassés dans des sentiers de Corse, il y a une quinzaine d'années. La colonie s'est étendue tout autour de la maison et la floraison de septembre, délicate et primesautière au soleil, encercle un pot de terre tombé sans doute lors d'un orage d'été.
Sensation d'automne et d'orange : époque aussi des Clémentines (de Corse aussi) avant que ces agrumes sensibles au gel rejoignent la véranda. Des voisins apportent des plants à repiquer, pensées, illets de poètes et autres qui s'intercaleront entre les rosiers et les cyclamens en attendant le printemps prochain. (28/09/2005)
Du 25 juillet au 14 août 2005, Sicile : C'est mon troisième voyage en Sicile, je commence à avoir l'habitude : le long voyage de 2000 km aboutit jusqu'au bout de la botte italienne et déjà l'île apparaît comme une promesse de lumière. Cette année, hormis Catane la familiale, retrouvée avec plaisir, un
incontournable périple prévu d'avance devait m'emmener à Palerme, admirer la très
belle et célèbre Annonciata d'Antonello Da Messina. Car la Sicile est ainsi : bleue et belle, elle cache la vie d'une ruelle de Palerme ou laisse admirer les façades de Syracuse.
Elle éclipse le volcan dans la quiétude de la plage mais encaisse ses vallées de lave qu'il faut mériter en marchant dans la chaleur.
La Sicile c'est aussi la farniente, ou plutôt la tranquilité d'une maison au milieu des vergers. Ce sont des allées, des jardins, mille pensées et mille repos comme on écrit sur les cartes postales...
Et c'est ce jardin encore, à peine troublé par un panache rose de l'Etna dans le silence au coucher du soleil.
Ni en Etonnements,
Mercredi 13 avril 2005, maison, fleurs : C'est le même cerisier que regardait mon chat un mois auparavant... Le
printemps est passé par là...
Samedi 5 mars 2005, maison, neige :
Chaque matin depuis le retour de la Réunion, le cerisier du japon est fleuri de ouate. Le chat n'en finit pas de s'en étonner et les perce-neige font leur travail à côté des jonquilles en boutons... Par la fenêtre du bureau, la neige tombe donc encore ce samedi à gros flocons... Je lui tourne le dos : devant moi, Pablo Neruda, lectures du moment. Un chat en plâtre, souvenir d'Egypte est posé sur Central, on devine Composants tout contre. La bougie et la vache qui rit sont des cadeaux de mon fils... De l'autre côté, le pied de lampe en cuivre, la
loupe et les flacons d'encre pour faire écrivain. Dans le porte courrier, des cartes
postales de Picasso : on devine au fond Guernica en noir et blanc ; au premier
plan, Figures au bord de la mer, le tableau se trouve au musée Picasso de Paris.
C'est ce qui s'est rajouté à la vue similaire du 25 Septembre
2004. Un signe ? Quelque chose avance dans le marasme du manque d'écriture actuel ? A
suivre... dans l'attente des beaux jours.
Du 5 au 18 février 2005, La Réunion :
Amateurs de plages paradisiaques, de couchers de soleil flamboyants sur la mer... préférez La Réunion, telle qu'on l'imagine et telle quelle est : un paradis pour randonneur. Le cirque de Mafate n'est accessible qu'à pied, de bons pieds de préférence... Aux détours de falaises escarpées, couvertes de végétation tropicale, se découvrent des cascades abruptes, des étangs tranquilles... ... moins tranquilles sont les abords du Piton de la Fournaise et ses laves mouillées de pluies... ... vites réchauffées à la surprise d'une éruption inattendue. La langue rougeoyante descendra jusqu'à la mer en brulant la forêt et en coupant la route... ... c'est habituel pour les habitants, prétexte d'en discuter ("la di, la fé", comme on dit en créole) autour d'une "dodo", bière locale et oiseau disparu, emblème de la Réunion... (23/02/2005)
Dimanche 2 janvier 2005, maison : Dans mon bureau, le canapé japonais sert à entreposer les livres en cours. Et en cours justement, c'est la préparation de l'atelier d'écriture du Crogny, séance de jeudi prochain 6 janvier. Au menu, Blaise Cendrars et ses Feuilles de route qui m'inspirent tant , on parlera du thème du temps, écrire le temps, journaux, blogs... On lira donc Blaise Cendrars dans ce temps suspendu du cargo qui l'emmenait au Brésil (on recommande par ailleurs la lecture de " Aujourd'hui, Blaise Cendrars part au Brésil " de Jérôme Michaud-Larivière, note de lecture du 25/03/2004). Blaise est entouré, d'un côté, par François Bon et le très précieux Tous les mots sont adultes, méthode pour l'atelier d'écriture (prochainement un nouveau tirage encore plus complet est annoncé). De l'autre, c'est Georges Perec et l'extraordinaire Espèces d'Espaces). Sous Cendrars, une édition commentée du Journal de Kafka. Sous François Bon, les trois tomes des Carnets de jeunesse de René Fallet. (03/01/2005) |