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Étonnements 2014
Hors des
sentiers battus : lexpression est courante, désigne un
défricheur/déchiffreur. Et, bien-sûr, le créatif, lartiste simagine dans
la peau dun tel anticonformiste. Lexpression
a pourtant pris pour moi un tour plus concret depuis quelques temps. Cette année, ma
passion pour la course ma amené à délaisser les routes goudronnées et la foule
urbaine des joggers pour les chemins creux des bois, les lisières de champs et la
solitude rurale. Cest devenu un tel besoin que quelques jours sans enfiler mes
drôles de chaussures me deviennent insupportable : jai soif autant
deffort physique que de paysages forestiers ; jai envie dharmoniser
ma respiration avec le silence des futaies. Lautomne et lhiver me fournissent
cet équilibre. Les pluies et le froid sont accueillis avec bonheur, on ne croise
personne, on entend parfois la tronçonneuse dun bucheron affairé, puis le coton
des feuilles tombées reprend avec douceur sous les foulées. Ces dernières semaines, je
me faisais leffet dun marcassin curieux : des chemins pas encore visités
mappelaient, une tranche bordée dor me faisait signe, une flaque au début
dun sentier mattirait : jétais hors des sentiers battus. Hier
encore, jai entrepris de visiter une nouvelle forêt (jai la chance
dhabiter dans un des départements les plus boisés). Jhabite en ville et, à
force, je connais tous les raccourcis qui mènent aux lisières environnantes. Depuis peu
jai découvert un chemin qui mène à lune delles au fond dune
zone industrielle. Courir, cest aussi chercher comment la ville sarrête,
quels habitants et quels usagers rejette-t-elle dans ces marges. Puis, dun bloc,
arrivent les arbres et le calme. Les bois dans lesquels je passe ne sont jamais
faciles : les chemins servent au débardage, sont défoncés et sarrêtent
aussi soudainement quils ont commencés. Mieux vaut avoir une carte
détat-major. Je métais fixé un but : aller vers un petit étang niché
au cur de la forêt. Bien sûr, je me suis trompé de chemin. Plusieurs fois,
jai rejoint la lisière et jai tenté de me repérer dans lévasion du
paysage à travers champs : quelques maisons aperçues au loin et cest un
village quon repère sur la carte. Dans ces conditions, on a vite fait de faire des
kilomètres imprévus, 17 hier et une cinquantaine au total pour la semaine. Jai
fini par revenir dans les bois et jai trouvé, non pas létang que je
projetais (et qui était devenu inatteignable avant la nuit), mais un autre, plus petit et
charmant avec une dizaine de cygnes qui ont élu domicile. Pour y parvenir, jai dû
passer dans un taillis inextricable et vallonné où les seuls passages étaient
constitués de coulées utilisées par des sangliers et des chevreuils :
jétais vraiment dans un lieu sauvage. Cest cette impression que
jaimerais garder, et pas seulement dans mes rêves récurrents (ça aussi,
cest une constante attestée par beaucoup de passionnés : plus on court, plus
on en rêve), mais pour tout ce qui concerne mes projets décriture : demeurer
hors sentiers battus.
La note
détonnement a pour but détonner, donc, de surprendre, de stupéfier,
dabasourdir même. A linverse, elle peut paraitre si dénuée
dintérêt, de lien avec les autres rubriques, la tonalité dune année,
lépoque
etc. quon hésite à en poursuivre la lecture Cest
pleinement le cas aujourdhui avec le rasage à lancienne. Quoiquà la
limite, lépoque soit proche de celle évoquée dans cette mise à jour, celle de
Simone de Beauvoir, donc, les sixties ou les seventies. Dans ces années de
sous-consommation, le must du soin barbier consistait en lachat dun rasoir
électrique, cétait dailleurs le seul investissement destiné aux soins
masculins, la mode des cosmétiques pour homme, crèmes anti-âge, produits exfoliants et
autres nexistait pas. De même, le style barbe de trois jours nexistait pas,
on était soit glabre, soit barbu à la ZZ top. Je suis de cette génération, on ma
offert un rasoir à moteur Braun, dès que des poils de barbe réguliers ont envahi mes
joues. Bien sûr, comme tout adolescent, jai joué au départ avec cette pilosité
amusante. Une barbichette très troisième République était destiné à énerver ma prof
de latin et jai arboré une moustache de guitariste à la Crosby ou Zappa pendant
plusieurs années. Comme beaucoup, jai abandonné au bout de quelques années
lélectrique et son rasage approximatif doublé dun bruit énervant de
tondeuse à gazon dès le réveil. On ma offert un rasoir à main et des lames
jetables. Jai ainsi, jour après jour et sans y penser, réduit toute velléité de
barbe à néant. Je peux estimer, voyons
à un demi millimètre chaque jour, avoir
réussi à terrasser plus de sept mètres de poils au total. Jai étalé sur ma peau
des litres deau de Cologne Saint-Michel, réflexe qui me tient lieu
daprès-rasage. Enfin, tout cela, cétait avant
Avant que mon fils, à
qui, en tant que père, javais appris à se raser, ne me parle des bienfaits du
rasage à lancienne. Muni de toute une panoplie de coupe-choux, objets désuets mais
ravissants, il ne jure que par cette technique. Si mon adresse mempêche
dimaginer de me servir de tels objets sans me balafrer à répétition, jai
tout de même été tenté de me servir de ces anciens rasoirs de sécurité dans lesquels
on insère une lame classique, dite Gillette. Une brocante mayant procuré deux
spécimens probablement récupérés chez un aïeul disparu depuis des lustres, jai
entrepris de remettre au goût du jour et pour mon propre compte cette méthode. Le
résultat est très agréable. On ne se rase plus machinalement, il faut mettre en place
tout un cérémonial : étaler la mousse avec un blaireau, utiliser soigneusement et
sans précipitation le rasoir, rincer et nettoyer le tout pour le lendemain, voire changer
la lame qui coûte le prix désopilant dun euro les dix exemplaires. Au final, même
si cela prend quelques minutes de plus, cest une entrée en matière, une façon de
commencer la journée sans hâte, de tester sa dextérité, bref, cest un bonheur de
savoir pourquoi on accomplit certains gestes quotidiens. Et puis, le fait dêtre
ainsi à contre-courant est ma manière insolite de rendre hommage en cette époque du
centenaire de la première guerre aux poilus de tous bords.
Jai
toujours eu une passion pour la photo et ce week-end, placé sous le signe du festival de
Montier-en-Der (voir en Webcam et en page spéciale), me donne loccasion de remonter
ma petite archéologie photographique personnelle. Le jour de ma communion est le plus
loin que je puisse remonter. Il était dusage à mon époque doffrir une
montre, une gourmette ou un appareil-photo. Jai eu la chance davoir les trois.
La montre était dorée, je crois me souvenir, ou de forme ovale, je ne sais plus.
Jai longtemps porté la gourmette, jusquà ce que je me rende compte que ce
nétait pas idéal pour draguer les filles. Lappareil-photo est le cadeau dont
je me souviens le plus. Tout automatique, avec des pellicules en forme de cassette,
cétait le top de chez Kodak à lépoque, un Instamatic ! Et surtout, on pouvait monter un
flash du plus bel effet : composé dun cube transparent portant une lampe sur
chacune de ses quatre faces, il suffisait de tourner la molette pour griller une nouvelle
ampoule. Au bout de quatre clichés de nuit, on prenait un nouveau cube, cétait le
début de la civilisation du jetable. Je ne me souviens plus exactement des photos que
jai prises. Lorsque je regarde celles de cette époque, elle sont souvent floues et
jaunâtres, peu contrastées. Mon véritable premier appareil photo est un reflex Fuji
ST605N, acheté pour mes vingt ans, avec ma première paye. Cétait à Toulouse et
jai toujours les clichés. De même que quelques-uns au service militaire, avec le
même appareil. Et deux ans plus tard aussi, en rentrant de vacances, la fébrilité que
javais eue à découvrir les nombreux tirages en noir et blanc réalisés par un
copain : y apparaissait pour la première fois celle que jépouserais plus
tard. Je métais équipé dun zoom 35-135 et nous avons traversé ensemble de
nombreuses années. Avec la naissance des enfants, limage immobile me paraissait
insuffisante : comment rendre les rires, les mimiques, les premiers pas ? Comme
beaucoup de papas, je me suis équipé de caméras. Jen ai eu deux, quon
garnissait de cassettes. On pouvait se croire cinéaste, si toutefois les spectateurs
arrivaient à réprimer suffisamment leurs bâillements après une heure de film où
tournait inlassablement ma progéniture sur un manège. Et puis, les enfants grandissant,
voici le temps des voyages : un appareil étanche, Canon prima AS1, surnommé le
baroudeur, ma accompagné jusquà cinq mètres au fond de la mer. Temps béni
de largentique et des tirages papiers qui encombrent nos armoires mais quon ne
perd pas au moins : en effet, avec le XXI° siècle, lappareil numérique
sest démocratisé et, avec, la perte des fichiers photos suite à des pannes
informatiques, changements dordinateurs
etc. Le
premier, un Olympus Camédia C220 zoom a servi à poster mes premiers clichés en rubrique
Webcam. Un bridge Lumix a suivi, me permettant dafficher des photos honorables.
Jai maintenant un réflex Pentax et une gamme dobjectifs de bon amateur. A la
fin de cette rubrique, je maperçois que jai évoqué le matériel mais jamais
les clichés. Cest comme pour lécriture, on achète un beau stylo de luxe ou
un ordinateur dernier cri et on rêve de ce quon va en faire. Pour les clichés,
comme pour lécriture, il y aura peut-être une suite à cette archéologie
photographique.
« Je
suis une intellectuelle, jaccorde du prix aux mots et à la vérité. »
Cest Simone de Beauvoir qui écrit cela dans La
force des choses. Cinquante et un an après cette publication, peut-on encore se
targuer dêtre un (une) intellectuel(le) ? Le couple Sartre/Beauvoir, ses
prises de position, limage dune certaine gauche, tout cela a vécu. Etre
intellectuel en effet, cest accorder du prix aux mots, donc vouloir enrichir la
langue, développer le discernement, la compréhension, la raison, lintellect :
la boucle est bouclée. Cest imaginer que, plus il y a de mots, mieux on arrive à
cerner une vérité : la phrase de Simone de Beauvoir est dune logique
imparable. Cest cette cohérence qui sest perdue. La gauche, en rétrécissant
ses idées, sest tournée du côté des gagnepetits : faibles idéaux,
appauvrissement du langage, recherche non pas dune vérité, mais du moins pire
compromis. Cinquante et un an après, on me rétorquera que le clivage gauche/droite
nest plus si marqué. Cest vrai et chacun, dans lexercice du pouvoir, y
a laissé ses illusions. Mais la droite na pas à donner de leçons, ses théories
demeurent dun immobilisme confondant : lorsquon a comme seul projet
sociétal dabolir la loi du mariage pour tous qui donne une liberté de plus et qui
ne retire rien aux autres, cest aussi faire le jeu de lappauvrissement.
Lappauvrissement, cest aussi le leitmotiv de lextrême-droite et ce
nest pas un hasard si les villages les plus démunis sy rallient.
Justement : les 422 pages assez lyriques de Faux
nègres sy consacrent, jaccorde du prix aux mots et à cette vérité,
donc, je suis un intellectuel. Jusquà présent, jai eu du mal avec cette
expression. Des études poussives au départ et des résultats modestes mont donné
(et me donnent parfois encore) un statut dimposteur dans le monde des lettres.
Jai compris au fur et à mesure que lintellectuel, synonyme pour moi de
culture et dérudition, est aussi adoubé par son milieu social : double chemin
pour moi. Le milieu universitaire, quil marrive de croiser parfois, pourrait
représenter une sorte daccomplissement de lintellectuel, mais je suis surpris
des luttes intestines, des obéissances et du conformisme qui y règne, et bien plus
quailleurs. Pour my connaître (un peu), la violence du monde institutionnel
est sans commune mesure avec lunivers de lentreprise, par exemple. Tout cela
peut paraître guère réjouissant : plus dintellectuels dans ce monde
faussé
etc. Mais reste les mots : intacts, inutilisés, abondants, porteurs
despoirs, de cris
Jaccorde du prix aux mots : il faut croire Simone
de Beauvoir, cest vraiment la meilleure définition de lintellectuel. Et, en
cette époque où cette apostrophe ressemble à une insulte, il est bon de retenir cette
phrase.
Homme-produit :
(22/10/2014)
Pierre
Bergounioux a tourné avec Jean-Luc Godard. Sollicité par le réalisateur pour jouer son
propre rôle décrivain dans Notre musique (2004),
lanecdote mavait été racontée par Gabriel Bergounioux. Son frère, Pierre, avait reçu un jour un appel
téléphonique des plus surprenants : Bonjour, je suis Jean-Luc Godard et jaimerais
votre participation dans un de mes films. Ce nétait pas une blague et Pierre a tenu
son rôle. Est-ce un caméo ? Je ne résiste pas au plaisir dêtre pédant,
dautant plus que je viens dapprendre ce joli mot (presque aussi beau quoloé) et qui sonne comme un verbe latin. Un caméo est la
francisation du terme italien cammeo. Dévolu au
théâtre du XIX° siècle, il désignait l'apparition fugace d'un acteur particulier. Son
extension au cinéma est généralement réservée à des personnages qui ninfluent
pas le cours du film. Bref, à des personnages à la marge dont les films pourraient
exister sans eux. Cest pourquoi, Pierre Bergounioux, jouant son propre rôle,
inscrit en dur dans le scénario, dépasse la notion de caméo. Les apparitions
dAlfred Hitchcock comme figurant dans ses propres films sont les exemples les plus
célèbres. Le caméo est aussi utilisé pour rendre hommage à quelquun, comme
lépigraphe ou la citation dun livre. Les analogies avec la littérature
peuvent ainsi être développées. Le caméo,
pour les réalisateurs comme pour les romanciers, sert aussi lirrésistible envie de
lauteur dêtre présent dans son film ou dans son livre. Je ne me suis pas
privé dapparaître plusieurs fois dans Faux
nègres, comme sil fallait, à travers cette schizophrénie, mesurer encore et
toujours lexacte distance qui nous sépare de la réalité. Et peut-être que, plus
les dispositifs sont complexes (comme peut lêtre lélaboration dun
film), plus le besoin de lauteur/créateur/artiste de
figurer dans luvre concernée est impérieux.
Paris
province : jécris cette note en partance pour Paris de Reims, aller-retour
vite fait pour enregistrer une interview. Avant-hier, cétait lautre sens,
Lille, et la veille aussi, même destination, 1200km en 2 jours. Le dimanche je revenais
de Besançon, province encore, en passant par Chaumont, un peu plus près de chez moi avec
la nuit passée chez mes parents. Avant encore, cétait Paris, ce diner chez le plus
grand épicier de France (voir précédemment dans cette même rubrique), mais aussi du
boulot à Arcueil, un enregistrement pour France Inter et LCP, tout groupé aussi. Tout
groupé : jessaie au maximum, deux rdv lundi prochain puis encore trois dans
quinze jours, Paris aussi. La vie médiatique cest toujours Paris, tandis que la vie
de rencontres, cest province. Lausanne,
Nancy, Besançon, tant de gens croisés, discutés, dautres semblables, la vie quoi,
tendue devant vous, entrecoupée de trains, TGV, métro, RER, voiture. Je narrive
plus à compter les kilomètres, probablement 2500
par semaine, probablement plus de dix mille bornes en un mois. Il y a à peine plus
dun mois dailleurs, je revenais de Sicile, jaurai fait 5 fois ce trajet
depuis, avec Grenoble,
« Faire »
expression multiforme. Le « faire », homo
faber dHannah Arendt, la façon, la manière, le style, la fabrique de
lhistoire, la production du vent, le mouvement perpétuel, laccomplissement de
soi. « Faire » et ce qui suit, ladjectif, le nom sous toutes ses
formes, faire bien, bien faire, faire le bien, faire le mal, mal faire, faire mal, faire
chaud, faire froid, faire lamour, faire les courses. Arrêtons-nous là, enfin
façon de parler, faire les courses, poursuites, parcours, trajets, courses à pied, à
cheval, en voiture, faire les courses, commissions, achat, supermarchés, listes de
courses. Supermarché : se retrouver un soir, grand restaurant du premier
arrondissement, dîner, être à la table du premier épicier de France, détenteur de
supermarchés, hypermarchés, zones commerciales, pompes à essence, parkings, chariots,
caddies, promotions, têtes de gondole. Sa tête à lui, affable, gondolée, expressive,
sintéressant, un mot pour chacun, le discours pour tous, utilisant devant le
parterre des trente auteurs réunis là pour loccasion, les expressions
« territoire », « terroir », « national », vision
géographique à limage de limplantation des supermarchés quil dirige,
hypermarchés, zones commerciales, pompes à essence, parkings. Nous tous (trente
auteurs), lécoutant (situation semblable à Linvitation
de Claude Simon), mangeant (queue de lotte, poulet bio, glace au pamplemousse), buvant
(Saint-Julien), flattés, caressés dans le sens du poil par celui qui, le lendemain
(peut-être), recevra des vignerons, bouchers, boulangers, mais aujourdhui, les
auteurs, écrivains, faiseurs dhistoires, raconteurs de bobards, producteurs de
livres eux-mêmes placés dans lesdits supermarchés, hypermarchés, zones commerciales,
alignés, placés, étiquetés, code barre, tête de gondole. Faire les courses, donc,
arpenter lespace, aller vers le commerce, tout prévu, parfois mal comme ces places
pour handicapés si mal situées, rendant les déplacements pénibles et mon
beau-père à petits pas, si petits, si lents, je me souviens, cette envie de bousculer,
aller vite, faire les courses à pied. Le grand épicier, affable à ma table, tête
gondolée, racontant comment, en Bretagne, il aime courir le long de la plage de bon
matin. De bon matin, Lausanne, puis Nancy la semaine suivante, probablement Besançon dans
quelques jours, mes courses à moi placées dans les creux, au hasard, le souffle, garder
le rythme, Paris, Reims, Lille, Saint-Dizier, Chaumont, tours de France, la roue tourne,
les livres, les supermarchés, têtes de gondole. Garder le rythme, lécriture. Et
rentrer le soir dans la précipitation, le frigo vide, plus aucun temps pour faire les
courses : quand retrouverais-je mon épicerie habituelle avec sa bibliothèque juste
au-dessus ? Ses clients à petits pas ? Vies silencieuses
Lausanne,
cest traditionnellement pour moi 9h du matin, avec la fraicheur qui flotte au-dessus
du lac, ou 3h de la nuit, avec les rues désertes et lovées au milieu de
lobscurité. Mais parcourues dans lautre sens. En effet, Lausanne est une
ville de passage sur la route de mes vacances. Je marrête au bord du lac en
partant, le temps dun petit déjeuner, dans lexcitation de la trêve estivale
qui débute. Le retour est plus calme, repus de soleil avec
Jai eu
un grand article dans Le Monde, une page complète intitulée « Rencontre »
et magnifiquement écrite par Catherine Simon. Grande fierté. Bien sûr, limage est
flatteuse, le « tendre et tenace », le « regard bleu gentiane »,
tout cela sharmonise avec une photographie très réussie de Jérôme Sessini :
jai les bras croisés, le blouson en cuir décontracté, appuyé contre un mur
antique, un portrait à mi-corps que tous mes proches ont admiré. Mi-corps dans lequel je
me reconnais à moitié. Non pas parce que larticle donne une image fausse ou
incomplète, mais plutôt parce que toute représentation de soi, quelle quelle
soit, vous échappe ; se pose la question de ce qui est vrai : limage que
les autres ont de vous ou celle que vous avez de vous-même ? Peut-être
dailleurs que le débat nest pas là : limage inanimée, les
commentaires les plus réalistes forment des aplats immobiles alors que le mouvement est
dhabitude permanent, et pour vous-même, et pour vos proches. Autant dire
dailleurs que le mouvement en ce moment est un peu décuplé :
Il ne me
semble pas avoir exprimé lannée précédente un hommage pour les trente ans de la
disparition de René Fallet, mort le 25 juillet 1983 à 55 ans. Je me rattrape en fêtant
le cinquantenaire de la parution dune de ses uvres, Paris au mois daoût, prix Interallié 1964
(voir Notes de lecture du 23/07/2003,
mince, 11 ans déjà !). Titre et ambiance de circonstance en cette fin de vacances
calme comme il y a cinquante ans, quand le héros Henri Plantin, vendeur au rayon pêche
à
Dans le
royaume estival de Sicile que je rejoins depuis une dizaine dannées, il y a un
château auquel nous ne faisons plus attention ou presque, cest lEtna. Plutôt
quun château dailleurs, cest une pyramide qui déploie sa masse brune
et triangulaire au-dessus de la plaine de Catane. On ne sen soucie guère : si
le lieu de notre villégiature a été bâti sur les flancs et les coulées de lave qui
dominent la grande ville, nos regards portent avec naturel sur la mer ionienne en
contrebas, dont le liseré bleu se confond toujours avec le ciel dans la brume de chaleur.
Lexubérance du jardin nous cache aussi la vue de la montagne. Il faut passer la
grille dentrée à chaque fois plus enfouie sous la vigne sauvage pour apercevoir,
à droite, dans lalignement du chemin, la masse sombre du volcan, grise, violette,
verdâtre, changeante à chaque heure du jour. Cette année, en revanche, nous
navons pu oublier sa présence. LEtna est entré en éruption début juillet
et durant tout le temps de notre villégiature. Présence sonore jour et nuit. En effet,
un cratère sétant ouvert sur le versant Nord, les explosions éruptives se sont
succédées au rythme dune toutes les deux ou trois secondes. Le bruit ressemble à
une canonnade ininterrompue, quelque chose de sourd et de puissant qui fait parfois
trembler les vitres et les portes. Nous sommes pourtant à
Cest un
rêve de trente ans que je viens de réaliser. Je nai jamais été sportif, ou du
moins dans les canons institutionnels et éducatifs qui président à cet épanouissement.
Traité de « président du club des billes » par mon prof dEPS, mes
résultats chétifs nintéressaient personne et il ma fallu acquérir une
bonne dose de courage et de philosophie pour minscrire, par exemple, en section
cross au lycée, les mercredis après-midi. Je ne garde aucun souvenir de cette époque,
hormis davoir couru de temps à autre avec mon père autour du stade en face de chez
moi. Mais jaimais ça. Ceci dit, le peu de considération a fini par user mon
opiniâtreté, le service militaire, les cigarettes et le début de ma vie professionnelle
ont amoindri le peu de souffle que javais. Je lai regagné dix ans plus
tard : un autre job, un amour, se sentir bien, donc retrouver lenvie de courir.
Cétait il y a trente ans et jai couru avec des collègues. Nous étions en
formation pour plusieurs mois, loin de nos familles avec lennui à tromper quelques
soirs par semaine. Cest à cette époque qua émergé le rêve : pouvoir
courir un marathon. Je me suis acheté deux livres de conseils pour la course à pied, que
je possède toujours, complètement décalés maintenant avec ces photos de coureurs en
survêtement de coton ou en T-shirt avec le short en satin qui remonte dessus. Trente ans
donc, et, une fois de plus, je nai pas été pugnace, la course à pied sest
arrêtée rapidement et les livres sont restés au placard. Pas dimmobilisme pour
autant, jai opté pour la plongée et la piscine, entre temps fondé une famille,
jai même écrit des livres et la course sest transformée en jogging pour
seulement quelques dimanches matins par an. Il y a cinq ans, jai décidé
dêtre plus constant. Je me suis pris au jeu et je me suis inscris à une
première course qui ne dépassait pas 3,5 km. Lannée suivante, jai tenté un
dix kilomètres et lannée daprès un semi-marathon. Bref, jen étais la
moitié du rêve, ce qui me contentait largement. Le hasard ma fait rencontrer deux
personnes attachantes qui ont guidé mes pas vers dautres chemins à parcourir et
mont fait bifurquer des routes goudronnées bordés dimmeubles, vers des
sentiers de terre en forêt et dans les vignes. Voilà : en plus des 20 km de
Bruxelles que j'évoquais lors de la dernière mise à jour, cette année, jai
découvert le trail. Deux belles expériences,
un 35 km pas facile dans la boue, un 24 km, un vrai plaisir, Javais
lentrainement, la tentation était grande : je me suis inscrit pour un 46 km,
augmenté de 1100 m de dénivelée. Ne lésinons-pas : 4 km au-delà de la distance
du marathon et si on y rajoute, comme le veut lusage, un équivalent dun
kilomètre en difficulté pour cent mètres de pente, le rêve pouvait être largement
dépassé. Il la été, à la faveur dun dimanche un peu pluvieux mais
agréable, et même si une erreur dinterprétation de balisage a raccourci mon
trajet de presque 3 km, je reste au-delà de
la distance mythique. Dire que ça a été un divertissement serait abusif, chemins de
boue quand les jambes sont fatiguées, côtes raides quand les mollets semblent sur le
point déclater, sans compter la tension de barrières horaires éliminatoires,
lobsession de bien boire et de se ravitailler. Le coup de mou entre 25 km et 33 km
sest effacé comme par magie (merci C et AL de mavoir soutenu !) et
jai terminé six heures et 2 mn après le départ en courant les dix derniers
kilomètres, mieux : en prenant un plaisir infini à sillonner à petites foulées
les sentiers de la magnifique forêt rémoise. Bien-sûr,
il est logique que ce rêve vieux de trente ans soit en rubrique
« étonnements » de ces Feuilles de
route : étonnement de voir comment la mécanique humaine augmentée de tant
dannées tient aussi bien. Et de réaliser combien ce rêve marque une aussi longue
période de pur bonheur.
Petite
anecdote : jai couru les
Liste des
infimes changements, mais profonds :
Griotte :
je ne crois pas avoir déjà cité ce prénom (si juste une fois en Etonnements du 25/09/2012), un prénom de chat bien entendu, une
petite minette apparue bien avant que je me colle à mes Feuilles de route, printemps1998,
Internet balbutiait, moi aussi et je navais encore rien publié. Griotte,
donc : si je prononce ce prénom de chat, cest parce quelle naura
plus le loisir de lentendre, de venir en frétillant attendre sa pâtée devant le
frigo. Une courte et brutale maladie a eu raison delle : il a fallu se
résoudre à lemmener chez le vétérinaire pour adoucir ses derniers instants. Elle
repose là où ses congénères sont depuis longtemps mêlés à la terre. Pelote,
précédente chatte, toute noire et au caractère de cochon, disparue au même âge
vénérable, tandis que Griotte, qui savait être têtue, était du genre calme. Il y a
aussi les poissons rouges là-bas, comme celui dont lenterrement a fait lobjet
dune nouvelle de Bestiaire domestique.
Griotte dailleurs figure aussi dans ce recueil, on peut lire page 104 que
« son pelage reste ocellé comme celui dune panthère, fourni et
soyeux ». Jai toujours en projet de refaire un deuxième tome de bestiaire,
jai déjà plein danecdotes nouvelles. Griotte, en son dernier jour,
mériterait à elle seule un hommage. Pour raconter notre tristesse bien sûr, mais aussi
les circonstances, les coups du sort, les hasards : pourquoi faut-il que ce soit par
exemple ce jour où je vais héberger un musicien classique, contrebassiste solo dans un
orchestre national ? Devinera-t-il que devant la fenêtre du studio qui va
lhéberger un enterrement de chat a eu lieu quelques heures plus tôt ?
Jouera-t-il une aubade improvisée dont les vibrations parviendront jusquau
chat ? Saura-t-il que jai transplanté pour garnir la tombe un peu de muguet
tout fleuri de chez mon beau-père, disparu lui aussi il y a moins de quinze mois ?
Et pourquoi alors que je lemmenai chez notre vétérinaire je suis passé devant
cette salle des fêtes où jai tant ri la veille à loccasion dun
spectacle. Je sais que les prochains jours avec le Printemps de la musique, il y aura
aussi beaucoup de joies, démotions comme toutes celles que jai
photographiées la quinzaine précédente (voir en Webcam).
Rires, larmes : notre vie est étonnante, elle vaut la peine (au sens littéral du
chagrin).
Je ne sais
pas si cette expression est régionale, jai souvent entendu mes proches affirmer à
propos de quelquun qui ne tient pas en place : il a la bougeotte. Sous entendu,
on ne peut rien y faire, cest comme ça. Rimbaud avait la bougeotte. Je pense que
jai aussi la bougeotte à ma manière. Je ne déménage pas tous les quatre matins,
jhabite dans la même maison depuis plus de vingt ans, je travaille avec
régularité dans le même métier et même lécriture sapparente à un
exercice constant. Chez moi, la bougeotte se manifeste autrement, dabord par une
peur viscérale de lennui, du désuvrement. Donc, bougeotte : aller vers
les autres, aller courir, aller et venir : circuler, il y a tout à voir et quand tu
aimes, il faut partir, disait Blaise Cendrars. La bougeotte est aussi une question de
calendrier. Après une fin dhiver poussive et tiède, voilà que surgissent les
invitations de toutes parts, en même temps que séclatent les primevères dans mon
jardin, les jonquilles et les coucous dans les bois où je cours, puisque jai la
bougeotte. Certaines de ces invitations (presque toutes) sont prévues de longue date.
Ainsi, les rencontres Interbibly, très bien organisées par Johannie Closs,
me font voyager à travers cette Champagne que je connais et que japprécie :
déjà les lycées de Reims, Marc Chagall et Colbert mont accueilli. Dans ce dernier
jai même eu la surprise de revoir en la personne du proviseur un copain de
collège. Vendredi prochain, ce sera Epernay, puis, une semaine plus tard, Charleville.
Joie déchanger avec les lycéens au moment où souvre le monde : on en
a, je le crois, mutuellement besoin en ces périodes hésitantes
Champagne et
Ardennes, donc, parcourues en tous sens (voir Rimbaud espace public en Webcam, cétait jeudi dernier), la plupart du temps,
cest pour le travail, je ne compte plus les visites à Châlons et surtout Reims.
Jy ai rajouté des loisirs depuis quelques mois : courir dans les vignes, là
où ça grimpe vraiment. Pour exemple, grande fierté pour moi davoir terminé le
trail de la montagne de Reims,
La boue,
brune, grise, onctueuse, compacte, en boulettes, en pâte à modeler, une marne bleue, un
schiste émietté, de largile monstre, des flocons de tourbe, un bourbier mauve, une
fange de sous-bois, un cloaque de racines, un limon de feuilles, une cavalcade de flaques,
un marécage de lumière : voguer sur des ornières, traverser des lagunes, enjamber
des troncs, franchir des trous, crever des bosses, passer des creux. Respirer, souffler,
courir, bondir, cabrioler, gambader, humer des feuilles attroupées, sentir des sables
émouvants.
Les bonhommes
de neige nont pas éclos cette année et la semaine du blanc est terminée depuis
longtemps dans les supermarchés. On guettait, nez en lair, un regain de
lhiver entre deux averses de pluie et une extrême douceur et cest le
printemps qui sest annoncé : jonquilles et pâquerettes avec un mois
davance, les géraniums, que je laisse dhabitude dehors et qui gèlent,
repartent hardi petit, jai taillé mes rosiers sans avoir eu limpression
dune trêve hivernale. Pareil pour Feuilles
de route, le temps de se retourner et cinq semaines ont passé depuis la dernière
mise à jour. Je décroche dInternet avec un plaisir semblable au fumeur qui vient
darrêter, chance à la vie réelle, celle qui vous bouffe à los, qui me
comble et suffit à remplir mes journées, plus beaucoup de temps pour le reste. La vie
réelle est difficile à quantifier, impossible de savoir ce que je fais de mes journées
sans un effort de mémorisation intense, cest probablement ainsi quelle est la
plus belle. Ce que je fais ? Courir dans les bois, travailler avec entrain, ne rien
faire avec passion, rire en continu, écrire aux éclats, rencontrer toutes sortes de
gens, dormir bien, rêver beaucoup. Les lieux ? Un week-end dans le Doubs, un autre
à Bruxelles, quelques photographies attestent de ce temps qui passe si vite (Cest
en Webcam). Et justement, parce que le temps passe vite, je retourne à ma vie réelle, ne
men voulez pas.
Je vous parle dun temps que les moins de vingt
ans ne peuvent pas connaître, un temps proche de Nizan et de Sartre, un temps et une
maison. Cette maison a abrité plusieurs générations, parents devenus grands parents et
même arrière-grands-parents. Home, suite dhommes et de femmes, avec ce que ça
implique comme tripotée denfants, cousins et les images qui vont avec : un
jardin à
La nouvelle
de Noël, cest la découverte dInternet et de lordinateur par mes
parents, surtout mon père. Octogénaires encore détenteurs dun poste
téléphonique S63 à clavier et dun Minitel qui na jamais servi, la
technologie des télécommunications me semblait sêtre arrêtée avec eux au seuil
des années 80. En réalité, cest surtout ma propre perception que jai
deux car depuis longtemps un portable les accompagne et lire des SMS leur est devenu
une tâche naturelle. Mea culpa, je nai
pas su distinguer leur envie de technologie. Bref, jai découvert quils
sétaient munis dune offre adaptée avec Livebox et ordinateur portable
dernier cri. Derniers cris, oui, quand il a fallu installer tout cela, car tout de même
il faut être un peu habitué pour se dépêtrer des différents branchements et codes
daccès. Jai réussi (pas facilement, en appelant la hot line) et, enfin, nous
avons pu nous connecter à Internet. A partir de là, nous étions sur la planète
Mars : mon père na jamais utilisé un clavier, ni une souris et cest à
moi quéchut (jen suis très fier) le privilège de guider ses premiers pas
dans lespace. Premier enseignement : lui apprendre à revenir à la maison,
soit vers lécran originel. Deuxième enseignement : recevoir et envoyer un
mail. Troisième enseignement : aller dans un moteur de recherche. Et là, mon père
ma épaté : Cest moi qui fait, a til dit saisissant derechef le
clavier pour y taper un mot. Ce premier mot de sa toute neuve carrière dinternaute
a été « Zenica », sa ville natale, voisine de Sarajevo en Bosnie et
quil na jamais revue depuis la deuxième guerre. Grande émotion pour moi de
le voir précautionneusement chercher chaque lettre sur le clavier pour y saisir ce nom
caché depuis plus de soixante-dix ans. Cest cet instant précis que je veux
retenir : six lettres, le poids retenu du rêve.
Le journal
local vient de donner les statistiques de 2013 de
Aimer le
lundi matin, aimer le réveil à 7h03, aimer la réunion téléphonique de 9h15
(précise), aimer la cantine, aimer Châlons ou Reims, aimer travailler, aimer repartir,
aimer rédiger la mise à jour de Feuilles de route, aimer dormir, aimer le mardi, aimer
le réveil à 7h15, aimer ces rendez-vous de boulot rapprochés, aimer prendre une heure
et aller courir, aimer revenir, aimer poster la mise à jour de Feuilles de route, aimer
dormir, aimer le mercredi, aimer le réveil à 7h03, aimer travailler à distance, aimer
téléphoner en chaussons, aimer faire des lessives, aimer partir pour Arras, aimer les
sourires en arrivant, aimer causer, aimer lhôtel de Lezennes, aimer dormir, aimer
le jeudi, aimer le réveil à 7h30, aimer souhaiter la bonne année, aimer mes collègues,
aimer discuter, aimer rouler 300 km, aimer arriver tard, aimer ne plus avoir le courage
de, aimer dormir, aimer le vendredi, aimer le réveil à 7h03, aimer courir dans les bois
16 km, aimer téléphoner en chaussons, aimer préparer des endives au jambon, aimer
organiser le boulot de la semaine prochaine, aimer reprendre F (même si
cest difficile), aimer une bonne bière, aimer regarder la télé, aimer dormir,
aimer le samedi sans réveil, aimer acheter le pain en robe de chambre, aimer la superette
du quartier, aimer la bibliothèque au-dessus de la superette, aimer préparer du porc au
soja, aimer reprendre F, aimer même si ça décourage, aimer ce concert de
Mozart group dans une salle pleine à craquer, aimer parler, aimer rentrer heureux, aimer
dormir, aimer le dimanche sans réveil, aimer toi, aimer prendre le petit déjeuner en
écoutant la symphonie du nouveau monde, aimer préparer le chou et la saucisse de
Morteau, aimer aller courir 8 km avec toi, aimer ce froid, ce soleil, aimer manger, aimer
cet edelzwicker, aimer le café Moka, aimer rédiger cet « aimer » d'une
semaine.
Depuis 2009,
à la manière des plus éminents notulographes, Philippe Didion en tête, je note
rituellement dans des fichiers Excel lensemble de mes joggings (plus de 600 lignes
quand même), et donc, comme tous les ans, jai additionné les entrées de 2013. A
ma grande surprise, moi qui avais pensé avoir été moins régulier cette année, je suis
tout de même sorti 152 fois, presque un jour sur 2 donc et jaurais accompli au
total 1257 km, sensiblement pareil quen 2012 (voir, dans cette même rubrique, le 16/01/2013). Ce qui me donne limpression
davoir été moins régulier, cest peut-être parce que jai varié les
entrainements : au total, jaurai couru « que » 871 km, le reste a
été de la marche rapide (7km/h tout de même). Et puis, grand plaisir que mon épouse
maccompagne de plus en plus (elle aura cumulé plus de 500 km et accompli des
parcours de plus en plus long en course à pied). Bref, sans sen rendre compte, il
nous arrive de courir après une interruption de quinze jours, trois semaines, sans
ressentir la moindre perte de souffle ou des difficultés musculaires. Les défis que je
me suis lancé cette année sont restés dans la limite du raisonnable : abandonnée
lidée dun marathon, mais je métais fixé de courir un
« semi » en moins de deux heures, pari tenu ! ( le même soir, jai
marché 8km, histoire de remettre les muscles en place
). Pour 2014, la même
originalité présidera à ce bonheur de la course à pied : alternance marche et
jogging avec, en plus, dautres défis : être plus cool, moins le nez sur le
chrono, plus dans la sensation. Pour cela, je vais probablement varier les parcours,
jusquici essentiellement constitués de routes et de plat (sauf en Sicile !) : grande envie de minitier aux trails et jai promis à une amie de
laccompagner au printemps dans une course similaire vers Epernay, à travers des
chemins de vignes (euh, pour le circuit de 35 km on verra, hein ?). Pour
linstant, je me suis équipé dune montre GPS, histoire de compter les tours
et les détours dans les bois, mais surtout de chaussures dites
« minimalistes », quun ami ma fait découvrir. Sensations
garanties, éclats de rire aussi à se voir ainsi chaussé comme un ours, mais au final
impression très agréable de courir pieds nus, de redécouvrir , depuis quinze jours, une
plante des pieds, des orteils et des muscles que je croyais avoir oubliés. Aucun souci dadaptation, distance et vitesse
sont redevenues identiques mais ceci dit, à chacun ses sensations, et pas question de
devenir un adepte exclusif du barefoot et de me
trimballer avec des pieds de gorille en toutes circonstances, lalternance entre
chaussures traditionnelles et minimalistes restera dactualité. |