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Notes de lecture


Ils désertent, de moi, Fayard.
Déjà plus de dix ans que le livre existe et il suscite toujours des commentaires, bons où moins bons, mais qui ont le mériter d’exister.
Parmi les derniers glanés sur Babelio :
    « J'ai apprécié l'originalité du roman qui réside dans son dispositif narratif, puisque le récit est raconté au « vous » lorsqu'il s'agit de « l'ancêtre », et au « tu » lorsqu'il s'agit de la jeune femme. Par ailleurs le style est agréablement ciselé. J'aime aussi, souvent, les romans qui prennent pour objet l'entreprise – ils ne sont pas si nombreux et parfois ce sont de grandes réussites. Je ne dirais pas que c'est le cas de celui-ci en raison de sa linéarité, de ses multiples longueurs, de son manque de rebondissements. On s'ennuie un peu. Tout est prévisible. Le goût du VRP pour Rimbaud est une coquetterie de bobo, et l'homosexualité de la jeune femme une concession à l'air du temps, ces deux points échappant à toute nécessité narrative. »
    « J'ai beaucoup aimé ce roman atypique et émouvant, mettant en jeu deux solitudes du monde moderne. Atypique par la forme : deux voix s'entrecroisent, rendues presque anonymes par l'utilisation neutre et dérangeante du "tu" pour la jeune femme qui cherche à s'élever socialement et du "vous" pour le représentant en papier-peint qu'elle est chargée de licencier, "l'ancêtre" comme on le surnomme. Atypique aussi quant aux personnages, à priori antinomiques, fort éloignés l'un de l'autre. L'ancêtre trace la route depuis des années, et s'use, malgré un don certain pour la vente. Il voit peu sa famille et se passionne pour Rimbaud. La femme mandatée pour l'évincer est perdue, sans motivation réelle, en dépit de son désir de revanche sociale. Émouvante, la traversée de ce désert urbain, de ces êtres fermés en eux-mêmes, de la laideur des banlieues, du gris du bitume. Émouvantes, les phrases pour mimer ce vide, ce quotidien où les jours sont calqués les uns sur les autres, mais où l'esprit parfois se rebelle et cherche autre chose, une lueur, un espoir ténu, " juste l'impérieuse envie de s'arrêter comme ça, pour rien, que tout cela cesse, vitesse, déplacement, juste parce que dans le soir, entre chien et loup, le bitume semblait devenir plus épais, plus consistant, étalé en flocons irréguliers, presque vivant, un pelage de fauve dans le mauve du crépuscule. Surprenante, la fin, et il faut l'avouer, trop idyllique, mais si séduisante ... »
    « C'est un livre enrichissant, formidablement bien écrit, qui m'a happé dès les premières lignes mais qui hélas m'a un peu lâché avant sa conclusion…/… La première moitié du roman est une brillante mise en place du récit, brossant avec pertinence et sensibilité le mal être de ces deux personnes solitaires et broyés par le travail en entreprise, troisième personnage de cette histoire. le monde du management, de la recherche du profit, des décisions imbéciles au nom de la sacro-sainte économie libérale sont ici la toile de fond devant laquelle se débattent ce presque vieil homme et cette jeune femme. Leur vie est un désert, affectif, relationnel et même architectural puisque la jeune chef des ventes habite un de ces appartements pour investisseurs, construit au milieu d'un champ, au bout du bout d'une ville sinistre. Tous deux ne sont que les pions d'un système rendu fou et qui ne garde que les plus malléables. Elle, ancienne lectrice d'Hannah Arendt, se demande comment on peut encore travailler après avoir lu "Condition de l'homme moderne". Lui, est un admirateur de Rimbaud, surtout de sa correspondance, depuis qu'il a appris que, comme lui, il avait été un voyageur de commerce. Toute cette première partie est tout simplement admirable par son acuité, par la totale empathie de l'écriture avec les personnages. Et soudain, après un chapitre un peu étrange mêlant Rimbaud et l'auteur, le livre bascule doucement vers un final, comment dire, un peu trop sucré. »
(02/03/2023)

 

Les vraies gens, sociologie de trottoir, de Guillaume Meurice, JC Lattès.
A l’heure où les manifestants sont dans les rues, cette sociologie de trottoir arrive à point nommé.
L’auteur est chroniqueur à France Inter, ce qui lui donne le droit et l’envie d’arpenter des rassemblements divers, micro à la main. Ainsi, Guillaume Meurice va à la rencontre des gilets jaunes, des hommes politiques, des entrepreneurs, des syndiqués, des personnes comme vous et moi, et, au hasard d’écoute, découvre toutes les contrariétés qui font la société française. Entre celui « qui n’est pas raciste mais… », celui qui dit « qu’avant, c’était mieux », celui qui croit que « la Covid, c’est un coup des chinois », les vraies gens apparaissent, avec leurs interrogations, leurs doutes, leurs manières de raisonner. C’est souvent drôle, bien dit, parfois manichéiste ou orienté. On ressort de cette lecture un peu comme après une manif, un peu déboussolé, soulé de tant de paroles, y compris celles de l’auteur. On se dit vivement demain, car demain, ça va changer !
(01/02/2023)

 

Journées littéraires de Jaligny-sur-Besbre, 30 ans de découvertes.
Je ne sais pas pourquoi, je pense toujours à René Fallet à cette époque de l’année. Peut-être parce qu’il avait écrit à 19 ans dans Banlieue Sud Est, son premier roman : « Au ciel de fin janvier montaient comme étouffées les fumées du quartier avec leurs pauvres gestes de feuilles mortes ».
Mais le fait est que je me suis toujours rendu en hiver à Jaligny-sur-Besbre, en 2006 et en 2018, par exemple. Cette année, c’est en pensée et en livre que je m’y rends.
En effet, l’éminent notulographe Philippe Didion, qui connaît mon attachement à l’écrivain bourbonnais, et qui fait partie du prix René Fallet, m’a envoyé la petite brochure éditée à l’occasion des 30 ans de cet évènement littéraire, que l’on considère, à tort, modeste. D’ailleurs, lors de la parution de Central en 2000, je n’avais eu qu’une seule exigence auprès de mon éditeur, que mon livre puisse être présenté pour cet honneur qui récompense un premier roman. Hélas, il n’avait pas été retenu. Je me suis rattrapé depuis par d’autres succès, dont le fameux prix populiste que j’ai obtenu en 2012, comme René Fallet, 62 ans plus tôt, ce qui m’avait comblé de bonheur.
Les Journées littéraires, qui se déroulent donc dans la ville de prédilection de l’écrivain, à Jaligny-sur-Besbre, existent depuis plus de 30 ans (33 ans cette année), elles ont récompensé par exemple, Amélie Nothomb en 1993 ou Valentine Goby 10 ans plus tard, mais le prix René Fallet n’est pas le seul à mettre en lumière des écrivains, il y a le prix spécial Agir (du nom de l‘association "Agir en pays jalinois", qui préserve la mémoire de René Fallet), le prix du bourbonnais, le prix Daniel Bayon, autant de manières de faire vivre la littérature de ce centre de la France.
Parmi les préfaces de tous ces acteurs, il y a bien sûr celle d’Agathe Fallet qui fédère toutes ces énergies. Les témoignages de tous les auteurs qui ont été concernés par le prix René Fallet prouvent combien persiste l’esprit à la fois frondeur, joyeux et poétique de l’auteur de Paris au mois d’aôut.
(18/01/2023)

 

SOS Méditerranée, collectif, Folio
Le sous-titre de ce livre est intitulé « Les écrivains s’engagent », car c’est un collectif de 18 auteurs qui a réalisé ce recueil de textes destiné à rendre hommage à tous les migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée et qui périssent. Les bénéfices d’ailleurs de cet opus sont intégralement versés à l’association SOS Méditerranée, qui organise des opérations de secours pour venir en aide à ces personnes.
« Les écrivains s’engagent » : on a envie de dire « C’est la moindre des choses », tant cela paraît évident, mais peut-être que mon implication dans l’association Initiales qui œuvre pour l’alphabétisation et qui me fait rencontrer depuis plusieurs années des Afghans ou des sans-papiers MNA (mineurs non accompagnés) me fait trouver cet engagement normal, comme allant de soi.
Les textes qui composent ce recueil sont tous différents, mais réunis par le même besoin d’humanité. Jean-Marie Laclavetine réalise une très belle préface, percutante, et qui donne le ton, l’urgence et l’absurdité de cette sauvagerie moderne. Tous les témoignages recueillis, que ce soit ceux de bénévoles d’associations, de migrants eux-mêmes, racontent la même horreur, celle que les participants du dernier atelier d’écriture m’avaient également racontée (voir Le voyage de Shaka, note de lecture du 15/07/2022). Il faut oublier les noms des écrivains qui composent ces textes et ne retenir que les personnages qui traversent cette histoire éternelle, et maintes fois recommencée, comme les vagues de cette Méditerranée mortelle.
(04/01/2023)